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Enquête

Un plan d’actions élaboré à partir du vécu des salariés

Enquête | publié le : 15.02.2011 | CATHERINE DE COPPET

Engagée dans la mise en place d’un plan d’actions pour prévenir les risques psychosociaux, 3M a diffusé une charte des relations de travail auprès des salariés du siège, censée atténuer, notamment, les effets pervers des technologies de communication.

« Privilégier la rencontre en direct », « rester courtois technologiquement », « ne pas céder à l’instantanéité de la messagerie », « savoir se déconnecter »: tels sont désormais les principes auxquels sont censés se conformer les 1 000 salariés du siège français de 3M, depuis qu’une charte des relations de travail a été diffusée en septembre dernier.

Ces incitations, réunies sous l’intitulé “Résister à une utilisation abusive et inapropriée du “e” [les e-technologies, ndlr.]”, côtoient d’autres préceptes de bonne conduite pour une amélioration de l’environnement de travail. Au total, une cinquantaine de recommandations, fruits non pas d’une négociation avec les organisations syndicales, mais d’une concertation au sein d’un groupe de travail réunissant la direction, les représentants des salariés, la médecine du travail, un expert EHS (environnement-hygiène-sécurité), un représentant des managers, un responsable RH et le directeur du site.

L’histoire de cette charte remonte à 2008, lorsque, sur demande du CHSCT, un diagnostic sur le stress au sein du siège est confié à l’Ifas (Institut français d’action sur le stress).

Diagnostic de mal-être

« Un certain mal-être des salariés ressortait des échanges entre les membres du CHSCT et le personnel, à une époque où les restructurations s’enchaînaient », raconte Hervé Galichet, délégué syndical central CFDT. Mis en place suite à ce diagnostic, un observatoire du stress mène une enquête auprès des salariés, par le biais d’un questionnaire soumis lors de la visite médicale obligatoire. « Le rythme des visites ne permettait pas d’avancer très vite, l’observatoire n’a recueilli que 300 à 400 réponses », poursuit Hervé Galichet.

Plusieurs éléments sont cependant ressortis de cette enquête. « Le système de notation annuelle des salariés est souvent mal vécu, de même que l’augmentation de la charge de travail suite aux réorganisations, à quoi s’ajoute le travail “déguisé” au domicile, possible grâce aux PC et téléphones portables », explique le syndicaliste.

C’est alors qu’est décidée la constitution d’un groupe de travail réunissant les parties prenantes pour élaborer un plan d’actions préventives contre les risques psychosociaux. « Nous avons eu 7 ou 8 réunions de deux ou trois heures, se rappelle Valérie Guichard, directrice de l’acquisition et du développement des compétences à la DRH. Nous avons pris le temps de nous mettre d’accord sur les objectifs du groupe sur ce sujet complexe. » Ces échanges ont notamment permis d’identifier des facteurs de stress liés au comportements, au management, à l’ergonomie, à la charge de travail, etc.

Une charte des relations du travail a dès lors été formalisée. Elle préconise notamment de ne pas solliciter un collègue le soir ni le week-end, de partir en congé sans son ordinateur, de ne pas emporter systématiquement à son domicile son ordinateur et son téléphone portables, de ne pas se connecter pendant les réunions, de ne pas manger à son bureau, et d’inscrire son temps de travail « dans une plage horaire raisonnable ». « L’idée était de remettre dans les discussions des éléments de bon sens et de permettre au salarié d’oser réagir et de s’autoriser à dire non », résume Valérie Guichard.

Pour la direction, les nouvelles technologies ne sont pas spécifiquement visées par la charte : « Ce qui est remonté du groupe de travail, c’est que ces technologies ont diminué les échanges relationnels qui font partie de la culture de l’entreprise, et non qu’elles sont trop répandues », souligne Valérie Guichard. La direction précise que, si tous les cadres disposent d’un téléphone portable, l’ordinateur portable n’est pas sytématique, et le smartphone ne concerne que le comité de direction et l’échelon inférieur. A côté de la charte, le plan d’actions prévoyait la clarification des missions, la mise en place d’indicateurs sur la santé des salariés, ainsi qu’une formation de sensibilisation des managers, en cours de programmation.

Quelques mois après sa diffusion, l’application de la charte est loin d’être une réalité, selon les syndicats, qui pointent la lourdeur du reporting et la poursuite d’attitudes contre-productives de la part du management. « La charte est dangereuse car elle place le salarié comme le premier responsable de sa santé au travail », fait remarquer par ailleurs la CFE-CGC. L’expérience a malgré tout servi de premier pas pour 3M. Alors qu’un diagnostic sur les risques psychosociaux, confié au cabinet Technologia, a été lancé pour les autres sites français, un accord-cadre sur ce thème pour les sept entités du groupe en France est en cours de négociation.

3M

• Activité : produits et services en fournitures bureau, signalisation, télécommunication, santé, transport, sécurité.

• Effectif : plus de 3 000 collaborateurs.

• Chiffre d’affaires 2009 : 959 millions d’euros.

Auteur

  • CATHERINE DE COPPET