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Enquête

« Les salariés sont soumis à la contagion du temps réel »

Enquête | L’entretien avec | publié le : 15.02.2011 | V. L.

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« Les salariés sont soumis à la contagion du temps réel »

Crédit photo V. L.

E & C : Quel lien peut-on établir entre la diffusion croissante des technologies de l’information et de la communication en entreprise et le stress ?

T. V. :Nous sommes en train de l’établir, avec retard sur les Anglo-Saxons, qui ont défriché bien avant nous le terrain de la surabondance informationnelle. Il existe une influence très directe des TIC sur le stress au travail, renforcée par la diffusion croissante des smartphones. Jamais notre économie n’aura été autant tertiarisée et jamais le niveau de stress n’aura été aussi élevé. Je n’affirme pas que les technologies sont LE facteur explicatif mais on ne peut pas nier leur influence. A cet égard, j’utilise des données quantitatives du baromètre stress de la CFE-CGC. On y apprend par exemple que 87 % des cadres estiment que les technologies réclament des temps de réponse toujours plus courts et qu’elles engendrent de plus en plus de tâches à traiter en dehors des heures de travail.

E & C : Quels sont vos autres axes de recherche ?

T. V. : Sur un plan qualitatif, je réunis des groupes de cadres pour les faire réagir sur leurs propres pratiques. Par exemple, on constate que tous utilisent le mail comme un moyen de communication synchrone, alors qu’il est asynchrone. Les salariés sont soumis à la contagion du temps réel.

Il existe un vrai danger pour l’entreprise : le temps de réflexion stratégique est évacué du temps de travail, tant les individus exercent des tâches courtes en per­manence. Et les salariés adoptent des comportements addictifs : submergés par les mails, ils vérifient sans cesse leur arrivée et s’inquiètent dès que le flux se tarit. Le troisième volet de ma recherche porte sur la mise à disposition d’une sonde logicielle relevant les mails toutes les deux heures, pour en analyser les effets sur ses utilisateurs.

E & C : Les entreprises n’ont-elles pas intérêt à promouvoir de bonnes pratiques ?

T. V. : La plupart n’ont pas de code de bonne conduite, alors qu’elles ont tout intérêt à travailler sur ce thème. Il ne faut pas oublier que la porosité entre la vie privée et la vie professionnelle vaut dans les deux sens.

Toutefois, il est intéressant de noter que France Télécom a inclus dans son ac­cord sur le stress le respect du droit à la déconnexion.

Auteur

  • V. L.