Jean-Paul Betbèze, Puf, 140 pages, 12 euros.
« L’économie, c’est le social de demain ! » Jean-Paul Betbèze, économiste, entend ainsi réconcilier ceux qui critiquent la politique économique au nom du social et ceux qui prétendent subordonner définitivement le social à l’économique. Le problème est que cette réconciliation reprend l’antienne néolibérale dont on sait qu’elle est pour beaucoup dans la crise que traverse actuellement l’économie.
Mais pas de procès d’intention, rendons grâce à Jean-Paul Betbèze de se positionner en économiste conséquent, rappelant ainsi que la dette coûte cher en intérêts et que la France a tout à gagner à la combler, mais surtout que la jungle des situations particulières rend ingérable le collectif : quelque 6 000 dispositifs pour redistribuer 65 milliards d’aide, 20 types de contrats de travail, 380 corps de fonctionnaires, 5 fiscalités d’entreprise différentes selon les zones géographiques, x niches fiscales et autres effets de seuil… L’auteur rappelle aussi la bizarrerie des systèmes dérogatoires pour les jeunes, pour les bas salaires, pour les seniors… à l’heure où il s’agit avant tout de collecter l’impôt. Rendons-lui grâce enfin, de reconnaître que les temps vont être durs pour les Français en général (cette généralité n’admet-elle pas quelques exceptions ?) et pour les travailleurs en particulier, car cela n’avait échappé à personne.
La France cependant ne manque pas d’atouts pour sortir de l’ornière, à commencer par sa remarquable productivité. Pour l’auteur, les Français ont du talent. Après cette charge et pour faire passer la pilule, était-il vraiment utile de promettre des lendemains meilleurs ?
Jean-Pierre Betbèze est professeur d’université, chef économiste d’une grande banque française.