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Les pratiques

Les sous-traitants français du Cern s’attaquent aux risques professionnels

Les pratiques | publié le : 08.02.2011 | NATHALIE BRICHLER

Les entreprises intervenant pour l’organisation européenne pour la recherche nucléaire (Cern), près de Genève, ont engagé, grâce à la formation, un dialogue social et une démarche de prévention de site.

Basé à la frontière franco-suisse, le Cern, organisation européenne pour la recherche nucléaire, emploie 250 fonctionnaires européens, mais accueille aussi de 1 500 à 2 000 salariés d’entreprises sous-traitantes (Spie Trindel, Air Liquide, Cegelec, Ineo…). La mise en service à l’automne 2008 de l’accélérateur de particules LHC, le plus puissant du monde, a éveillé l’inquiétude de ces derniers. Rien n’étant prévu pour leur formation, une commission de concertation a été montée côté français, avec le soutien de la Direccte et de la région Rhône-Alpes, afin d’instaurer un dialogue social avec le Cern.

Trouver un mode de collaboration

Composée de représentants de syndicats salariés et patronaux(1) issus des entreprises sous-traitantes ainsi que de l’inspection du travail, cette commission a été accompagnée par l’Aravis. « Notre premier objectif a été de trouver un mode de collaboration avec le Cern, invité en tant qu’observateur, explique Daniel Raphoz, délégué CFDT pour le Pays de Gex, ancien président de la commission(2). La question de la sécurité est vite apparue comme un bon vecteur. »

Une formation sur la radioactivité, considérée comme l’un des principaux risques inhérents aux activités du Cern, a été jugée prioritaire. Pour ce faire, la commission s’est tournée vers l’Association française pour les techniques et les sciences de la radioprotection (ATSR), composée de spécialistes bénévoles. « Nous avons monté une formation aux connaissances de base, visant à faciliter les relations avec le Cern en vue d’une démarche de prévention », explique Jean-Claude Gaborit, formateur à l’ATSR et ancien salarié – retraité – du Cern.

Une convention avec Opcalia Rhône-Alpes a permis de mobiliser des fonds de l’Etat et de la région Rhône-Alpes (coût pédagogique global : 9 000 euros), les salaires des participants (25 responsables de site, directeurs sécurité et représentants syndicaux) étant pris en charge par leurs employeurs.

Cinq jours dédiés aux connaissances de base

Au programme des 5 journées, réparties d’octobre 2009 à juin 2010 : équipements du Cern, risque radioactif du LHC, radioactivité et radioprotection, réglementation, obligations contractuelles entre donneur d’ordres et prestataires, ou encore visite de l’Institut Laue-Langevin à Grenoble, qui accueille un autre équipement, le synchrotron. Deux jours ont été consacrés à recenser les sujets qui préoccupent les entreprises sous-traitantes, à élaborer des propositions d’amélioration de la sécurité des personnels, ainsi qu’à prendre en compte ces questions dans les appels d’offres, notamment pour les contrats de longue durée.

Un groupe de travail, dont fait désormais partie le Cern aux côtés de l’Autorité de sûreté nucléaire, finalise actuellement un guide méthodologique. Des outils pédagogiques (livrets détaillés, DVD) ont par ailleurs été remis à chaque participant pour permettre aux entreprises de former elles-mêmes leur personnel. Une “piqûre de rappel” annuelle, impliquant à la fois le responsable sécurité du Cern et les entreprises sous-traitantes, est aussi en projet. Elle pourrait à terme être proposée à l’ensemble des sites nucléaires de Rhône-Alpes.

(1) Medef, CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT.

(2) Elle est aujourd’hui présidée par Daniel Naegelen, responsable de production à Spie Trindel en Suisse.

Auteur

  • NATHALIE BRICHLER