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Enquête

Un modèle sur le papier

Enquête | publié le : 08.02.2011 | CHRISTIAN ROBISCHON

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Un modèle sur le papier

Crédit photo CHRISTIAN ROBISCHON

Prodigue en accords de branche, le secteur doit encore diffuser dans les entreprises des pratiques qui rompent avec la culture des départs anticipés. La sortie de crise pourrait l’y aider.

En matière d’emploi des seniors, le papier-carton fait partie des pionniers. Signataire dès mars 2008 d’un accord en cinq axes remarqué (compétences, santé au travail, tutorat, transmission d’entreprise, handicap), voulu sans distinction d’âge mais de fait plus orienté vers les fins de carrière, la branche l’a complété à l’automne 2009 d’un avenant qui assigne des objectifs chiffrés d’effectifs et d’envoi en formation des seniors, avant un accord spécifique sur la santé-sécurité au travail (SST) en avril 2010. La dynamique doit se poursuivre en 2011 par une négociation sur la pénibilité ou, plus généralement, sur la prise en compte de l’usure professionnelle.

Signés par FO, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC, et pour certains par la CGT, ces textes répondent à un enjeu particulièrement fort : les plus de 50 ans représentent près du quart des effectifs et les réformes gouvernementales obligent le secteur à trouver une autre issue que les défuntes formes de préretraite dont il s’était massivement servi, en particulier les cessations anticipées des travailleurs (Cats). Sans se résigner non plus aux ruptures conventionnelles, pas rares durant la récente crise… Tout ceci aboutissant jusqu’à récemment à un âge moyen de départ de 57 à 58 ans. « Nous essayons de répondre le mieux possible à l’allongement inéluctable de la durée de vie professionnelle », souligne Arnaud Couvreur, délégué général de l’Unipas (Union des industries papetières pour les affaires sociales), qui coiffe les 68 000 salariés de la branche. D’où l’accent particulier sur la SST et la prévention de la pénibilité des postes.

L’anticipation est nécessaire

« D’un côté, le travail posté, de nuit, le bruit, etc., de l’autre, le recul de l’âge de départ à la retraite : nous devons anticiper la conjugaison des deux phénomènes pour réduire au minimum les départs en invalidité et en inaptitude », appuie Albéric Deplanque, responsable national FO Papier-carton.

Quinze entreprises ont fait l’objet d’un diagnostic sous l’égide de l’Anact sur le vieillissement au travail. Chaque entreprise est invitée à désigner un référent de l’évaluation des risques professionnels. Un CET de branche en construction devrait favoriser les temps partiels en fin de carrière.

Augmenter l’emploi des seniors, en revanche, apparaît irréaliste aux signataires. En restructuration chronique, le papier– carton cherche à ne pas diminuer outre mesure ses effectifs âgés : l’avenant à l’accord-cadre vise 11 % de salariés de plus de 55 ans en 2012, puis le maintien à ce taux qu’elle frôle déjà aujourd’hui, selon FO.

Ces textes, dont l’application est suivie par une commission paritaire réunie deux fois par an, s’en tiennent pour l’essentiel à une feuille de route générale et à la création d’un état d’esprit non discriminatoire vis-à-vis des seniors. Aux entreprises de le mettre en œuvre concrètement. « La caisse à outils est très belle, reste à l’utiliser », résume Albéric Deplanque. La branche a chargé son Opca Formapap (devenu Opca 3+) de le promouvoir auprès de ses adhérents, par leur visite et l’activation de Generice, son outil d’accompagnement de la gestion des âges et des parcours professionnels.

Contenu minimaliste

Or les accords d’entreprise se font attendre. La filiale française du groupe finlandais UPM, par exemple, « y travaille », mais les syndicats n’ont pas signé, jugeant le contenu trop minimaliste. Le plan d’actions instauré en substitution « va au plus simple dans son état actuel : maintien du taux d’emploi, entretien de seconde partie de carrière, bilan de santé annuel se résumant à une prise de sang », relate Yves Bernauer, délégué FO de l’usine de Strasbourg.

Pour la défense du papier-carton, ses accords ont commencé à se mettre en œuvre en pleine crise, alors qu’il avait engagé leur négociation dans une conjoncture plus faste. Mais désormais, son horizon est à nouveau plus dégagé.

INDUSTRIE DU PAPIER-CARTON

• Effectifs : 72 000 salariés.

• Nombre de sites : 1 450.

• Chiffre d’affaires : 19 milliards d’euros en 2009.

Auteur

  • CHRISTIAN ROBISCHON