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Les mesures d’âge pointées du doigt

Enquête | publié le : 08.02.2011 | JOSÉ GARCIA LOPEZ

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Les mesures d’âge pointées du doigt

Crédit photo JOSÉ GARCIA LOPEZ

L’une a renoncé à son plan social pour les plus de 60 ans, l’autre vient de signer un accord de GPEC incluant des départs anticipés à la retraite. Zoom sur deux entreprises dont les initiatives vis-à-vis des seniors ont irrité le gouvernement.

En mars prochain, la direction de BNP Paribas devrait mettre la préparation des salariés à leur retraite à l’ordre du jour de ses négociations avec les organisations syndicales. Un sujet tabou dans la banque, depuis la reculade sur le projet de plan d’aide au départ volontaire des salariés de plus de 60 ans. En janvier 2010, sommée d’enterrer le projet par Xavier Darcos, alors ministre du Travail, l’entreprise obtempère. Il faut dire qu’avec un bénéfice de 5,9 milliards d’euros en 2009, le mastodonte bancaire n’est pas vraiment en difficulté. « L’idée a été abandonnée », commente sobrement un porte-parole de la direction, qui n’a pas souhaité revenir sur le sujet. La CFE-CGC a approuvé ce plan, qui aurait permis à 2 300 salariés de toucher une indemnité de fin de carrière défiscalisée – 11,6 mois de salaire – ; elle relance la question des préretraites en septembre 2010 et en appelle à Xavier Bertrand, qui réitère le refus exprimé par son prédécesseur.

Joël Debeausse, délégué national adjoint du syndicat des cadres, reconnaît que l’objectif du plan de sauvegarde visait clairement à recruter des jeunes. La banque aurait ainsi rajeuni sa pyramide des âges, amélioré son turnover et facilité l’intégration des salariés issus de la fusion avec la banque belge Fortis. La CFE-CGC estime que le plan permettait aux salariés fatigués de quitter dans de bonnes conditions une entreprise qui a peu à leur proposer.

Cette position n’est pas celle des autres syndicats, qui y voient clairement des mesures contre les salariés âgés. Pour Jean-Claude Ristorcelli, délégué national de la CFDT, « ce n’est pas la bonne réponse à donner aux personnes mal dans leur poste », qui avaient davantage besoin d’une amélioration de leurs conditions de travail, de propositions de plans de carrière et d’augmentations dignes de ce nom.

Etroite observation

De son côté, Renault n’a pour l’instant pas été contrainte de retirer son accord de GPEC, même si Xavier Bertrand s’est déclaré « très réservé [vis-à-vis] d’un plan de départs volontaires qui doit dire son nom ».

Le dispositif reste néanmoins sous l’étroite observation de l’Etat, principal actionnaire du constructeur. Applicable jusqu’au 31 décembre 2013, ce dispositif concerne les ouvriers, employés et agents de maîtrise du constructeur en France, âgés de 58 ans et plus, ayant effectué quinze années de travail posté ou ayant une incapacité permanente de 10 % minimum. Les bénéficiaires peuvent partir en préretraite, totalement financée par l’entreprise, et percevoir un salaire de remplacement équivalent à 75 % de leur salaire brut jusqu’à l’âge légal de départ à la retraite. D’après l’industriel, 3 000 des 3 200 salariés répondant à ces critères seraient intéressés par le mécanisme.

Craintes concernant les conditions de travail

Pour les syndicats de Renault, ces départs sont une légitime prise en compte de la pénibilité : « On ne peut que se féliciter qu’il soit possible de cesser son activité plus tôt que l’âge légal de la retraite » sur des critères de pénibilité plus larges que les 10 % à 20 % d’invalidité prévus dans la réforme, commente ainsi Alain Mas, délégué syndical adjoint de la CGT, tout en regrettant néanmoins que le dispositif ne soit pas pérenne.

Gérard Blondel, délégué syndical central CFE-CGC, ajoute que « les cotisations sociales étant payées à 100 % par l’employeur jusqu’à l’âge légal de fin d’activité, l’accord ne pèse donc pas sur le financement des retraites ».

Par contre, le plan de recrutement de 2 000 nouveaux salariés en CDI et de 2 700 jeunes en alternance sur trois ans, destiné à compenser les départs potentiels, n’a qu’en partie rassuré les syndicats. « Le plan ne suffira pas à compenser les départs. Les conditions de travail des salariés restants risquent encore de s’aggraver », craint Alain Mas.

Auteur

  • JOSÉ GARCIA LOPEZ