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Enquête

Garder les seniors… tout en les faisant partir

Enquête | publié le : 08.02.2011 | C. F.

Vanté en 2010 pour son accord seniors innovant, le groupe Rhodia a par la suite conclu un accord pénibilité qui autorise les départs anticipés. Contradictoire ? Explications.

Sur le papier, l’accord signé par Rhodia sur l’emploi des seniors semble exemplaire : interdiction de travailler avant 5 heures du matin, possibilité de courtes siestes sur le lieu de travail, recherche de postes de jour pour ceux qui travaillent la nuit, congé grand-parental, développement des bilans de compétences, hausse du temps de formation… Dans les faits, il convient d’être plus nuancé.

Très médiatique, le congé grand-parental (20 % de temps de travail en moins contre l’engagement de travailler aussi longtemps que la durée du congé) n’a séduit personne pour l’instant. Pourquoi ? « Ce congé n’est tout simplement pas assez indemnisé », estime Richard Hoffner, délégué général central CFDT chez Rhodia. « Nous reverrons ce dispositif s’il n’est effectivement pas attractif, promet Jean-Christophe Sciberras, DRH France de Rhodia. Mais maintenant que la réforme des retraites est connue, je crois que les salariés vont pouvoir mieux se situer et l’envisager. »

Embauches modestes

Autre réserve, les embauches, qui apparaissent modestes comparées à d’autres aspects plus volontaristes du texte. « On va passer de 4 % de recrutement de plus de 50 ans par an à 6 % en moyenne sur trois ans, déplore Richard Hoffner. C’est bien peu. En 2010, on est à 5,3 %, ce qui représente seulement 14 salariés supplémentaires. »

Mais ce qui a fait grincer des dents, notamment à la Direction générale du travail, c’est l’accord pénibilité que Rhodia a conclu en juin dernier. Les salariés qui affichent 30 ans de travail posté peuvent partir 24 mois avant l’âge légal, avec un salaire correspondant à 75 % du brut. Une mesure qui peut paraître en légère contradiction avec celle en faveur du maintien dans l’emploi des seniors…

« Ces deux accords sont en fait très complémentaires, assure Jean-Christophe Sciberras. Tous les salariés du groupe ne sont pas en effet dans le même cas. On peut comprendre que ceux qui travaillent dans des conditions de péniblilité avérée puissent souhaiter partir plus tôt : c’est notamment l’objet de l’accord pénibilité. En revanche, pour ceux qui ont des activités tertiaires, moins exposées, il est logique qu’ils puissent être encouragés à travailler plus longtemps, c’est l’objet de l’accord seniors. »

Actuellement, 20 des 150 salariés potentiellement concernés ont accepté cette cessation anticipée d’activité. Sauf que, pour Richard Hoffner, « ces départs risquent d’accentuer la pénibilité de ceux qui restent, car il n’a pas été prévu de remplacement poste par poste… »

RHODIA

• Effectif : 13 600 salariés.

• Nombre de sites : 64.

•  Chiffre d’affaires : 4,03 milliards d’euros en 2010.

Auteur

  • C. F.