Jacques-Antoine Malarewicz, Pearson, 200 pages, 19 euros.

Les théoriciens RH n’ont cessé de fustiger la résistance au changement des salariés, responsable selon eux de tous les maux de l’entreprise. La révolution permanente semble devenue un “must” des organisations. Le salarié est censé ne plus tenir à ses anciennes manières de travailler, ni à l’organisation de son service, ni à ses collègues, pas même à l’identité de l’entreprise, puisque les fusions-acquisitions semblent tirer à elles toute la légitimité en matière de performance. Il est censé ne s’accrocher à rien du passé, et pourtant, il doit rester dynamique et entreprenant, bref, se battre pour faire valoir ce qui ne cesse de s’effondrer sous ses pas. Un paradoxe que dénonce Jacques-Antoine Malarewicz, psychiatre et consultant RH.

Au risque de déplaire, l’auteur ose nommer les choses par leur nom. Les projets abandonnés, les réorganisations, les départs… sont autant de deuils auxquels les salariés restants ont à faire face pour ne pas sombrer dans le non-sens de la totale discontinuité de leur action. A travers nombre d’exemples, ce médecin a le grand mérite de réhabiliter l’importance de la notion de souffrance dans la vie des individus comme dans celle des entreprises. L’un comme l’autre progressent en tissant des liens avec le passé, ne serait-ce que pour pouvoir passer à autre chose.

La lecture de cet ouvrage est tellement évidente qu’elle semble enfoncer des portes ouvertes. Et pourtant, quel pas de géant dans le management que de reconnaître enfin le droit des salariés aux affects, y compris négatifs. Comme de leur reconnaître enfin une âme !