Michel Monteau, L’Harmattan, 380 pages, 34 euros.

L’amélioration de la santé au travail s’est longtemps bornée à l’aménagement du poste et au respect des consignes de sécurité, en laissant hors jeu l’organisation du travail elle-même. Du fordisme au toyotisme pourtant, c’est bien l’organisation qui s’avère délétère et pas seulement tel ou tel oubli ou conjonction particulière mettant en péril la santé des salariés.

Avant d’être lié à un outil de travail insuffisamment pensé, c’est le principe du travail à la chaîne – d’entrée de jeu corrélé aux cadences infernales – dont se plaignaient les travailleurs dans les années 1970 ; et c’est aujourd’hui la pression sur la productivité qui est la première responsable des troubles psychosociaux ou musculo-squelettiques dont sont atteints nombre de salariés.

La prise en charge de la santé et de la sécurité demande donc un examen du travail dans toutes ses dimensions : intensité, répétitivité, rythme, mais aussi, plus profondément, sens du travail et organisation des collectifs. Penser que des solutions techniques peuvent venir à bout de l’insécurité conduit d’ailleurs à réduire les salariés à leur seule fonction productive, c’est-à-dire à évacuer la composante proprement humaine, source de performance et de sécurité à la fois.

Michel Monteau, psychologue, tente ici de croiser les approches ergonomique, sociotechnique, sociologique et managériale pour mettre en avant la dimension organisationnelle de l’accident, de la maladie professionnelle et de la prévention.

Michel Monteau est psychologue, chercheur en accidentologie et responsable du Laboratoire de gestion de la sécurité à l’INRS.