La notion de proximité est au cœur de la réflexion menée par Entreprise & Personnel le 19 janvier dans le cadre de sa première université d’hiver. L’association a voulu comparer la perception de salariés et de DRH* sur certains thèmes : la prise de décision dans l’entreprise, la distance avec la hiérarchie, la reconnaissance, la communication…

Le fossé entre le corps social et l’entreprise apparaît important, puisque seuls 21 % des salariés pensent que leur intérêt et celui de l’entreprise vont dans le même sens. « Ce décrochage entre l’entreprise et son corps social n’est pas vraiment une surprise, mais on ne s’attendait pas à son ampleur », commente dans l’enquête François Dubreuil, directeur de projet à Entreprise & Personnel. A peine plus optimistes, les DRH estiment que 38 % de leurs salariés ont cette opinion.

Les deux populations convergent également sur la prise de décision : 80 % des salariés estiment en effet que toutes les décisions se prennent d’en haut (63 % des DRH). En 2003, seuls 61 % des salariés étaient de cet avis. En outre, 46 % des salariés déclarent ne pas être consultés pour des décisions qui les concernent directement (52 %, estiment les DRH). Enfin, 46 % des salariés pensent que, dans leur entreprise, ce sont les actionnaires qui décident et non les dirigeants. Une opinion que 33 % des DRH partagent à titre personnel.

Dans un contexte de dilution du sens du travail, les salariés font confiance à ce qui leur est proche, indique l’enquête de Sociovision : le soutien des collègues pour résoudre les problèmes (60 %), ou encore les fêtes (54 % fêtent les succès contre 30 % en 2007).

Le malaise des salariés déborde au-delà de leur travail. Ainsi, 35 % déclarent que leurs soucis professionnels ont de fortes répercussions sur leur santé et leur vie sociale, alors qu’ils n’étaient que 25 % en 2007. La progression est encore plus spectaculaire chez les cadres : en seulement un an, la proportion de cadres faisant le lien entre soucis professionnels et santé passe de 23 % à 35 %.

Les DRH sont parfaitement conscients du phénomène : les deux tiers constatent une montée en puissance massive des risques psychosociaux.

En revanche, les salariés et les DRH divergent sur les causes. Les premiers ont le sentiment (à 42 %) d’une compétition très forte entre les équipes, quand les seconds ne sont que 27 % à avoir cette opinion. Par ailleurs, les DRH sous-estiment l’engagement de leurs salariés et donc les risques d’usure : seuls 58 % des DRH pensent que leurs salariés sont investis, quand 67 % des salariés (71 % des cadres) déclarent qu’ils sont prêts à s’investir davantage si leur entreprise le leur demande. Un niveau très élevé : 13 points de plus qu’en 2001.

L’enseignement qu’Entreprise & Personnel tire de ces résultats pour la fonction RH n’est guère surprenant : elle devra travailler sur l’engagement des salariés et le management de proximité