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Enquête

L’alternance confrontée au manque de candidats

Enquête | publié le : 18.01.2011 | MARION LEO

Le puissant système d’apprentissage par alternance allemand ne souffre plus d’une pénurie de postes, mais d’un recul du nombre de candidats.

La formation professionnelle par alternance allemande, qui combine pendant deux à trois ans une formation en entreprise et un enseignement théorique dans une école professionnelle, bénéficie outre-Rhin d’une excellente réputation. Et pour cause. C’est par ce biais que deux tiers des jeunes allemands accèdent chaque année à la vie professionnelle. Selon l’Institut de recherche sur le marché de l’emploi IAB, environ 60 % des apprentis sont embauchés chaque année à l’issue de leur formation par leur entreprise. En 2007, l’Allemagne comptait près de 1,8 million d’apprentis.

Volontariat des entreprises

Véritable pilier de l’économie sociale de marché, ce système d’apprentissage ne résulte pas d’une planification de l’Etat, mais repose uniquement sur l’engagement volontaire des entreprises. Chacune décide ainsi elle-même si elle veut former un apprenti et avec qui. Le financement de la formation est entièrement à sa charge.

Selon l’Institut fédéral de la formation professionnelle (BIBB), le coût net annuel d’un apprenti pour une entreprise s’élève en moyenne à 3 596 euros. En octobre 2008, le gouvernement a mis en place un système de bonus, d’environ 6 000 euros, mais il n’est destiné qu’aux entreprises prêtes à proposer une formation à des jeunes en difficulté. Jusqu’en 2006, les bilans annuels de l’apprentissage, dressés par le gouvernement, les fédérations patronales et les syndicats, étaient marqués par un thème récurrent : la pénurie de postes d’apprentissage. Mais avec l’arrivée des générations nées après la chute du Mur, période marquée par un net recul des naissances, la situation s’est profondément modifiée. Depuis 2007, le nombre de candidats a reculé d’environ un quart. Et même de moitié en ex-RDA. En septembre 2009, le gouvernement avait fait sensation en annonçant pour la première fois depuis 2001 que l’offre en postes d’apprentissage avait été en 2008 légèrement supérieure à la demande.

Même la crise n’a pas réussi à enrayer cette tendance : l’Allemagne comptait, en septembre dernier, près de 20 000 postes vacants pour 12 300 candidats non placés. « L’évolution démographique est bien présente : ce ne sont pas les postes, mais les candidats qui se font rares », a mis en garde Hans Heinrich Driftmann, président de l’Association des chambres allemandes de commerce et d’industrie (DIHK).

Nouvelles priorités

Pour relever ce défi, le gouvernement et les principales fédérations patronales ont décidé, en octobre 2010, de reconduire jusqu’en 2014 leur pacte pour l’apprentissage, mais avec de nouvelles priorités. Dans cet accord, conclu en 2004, les entreprises s’étaient engagées à augmenter leur offre en formation pour juguler la pénurie. Désormais, les signataires du pacte entendent mieux exploiter les potentiels existants sur le marché, en recrutant davantage d’apprentis notamment parmi les jeunes issus de l’immigration. Car seul un tiers des enfants d’immigrés suit à l’heure actuelle une formation par alternance.

Auteur

  • MARION LEO