Gérard Mordillat, Calmann-Lévy, 435 pages, 21,90 euros.
Une entreprise américaine entend fermer l’un de ses sites du Nord de la France alors que l’usine réalise des bénéfices. Le siège invoque des difficultés conjoncturelles liées à la crise, mais le déménagement de l’usine en Serbie est prévu et organisé en sous-main de longue date. Bien que l’entreprise ait reçu des fonds publics pour la sauvegarde de l’emploi, près de 400 ouvriers reçoivent une lettre de licenciement. Les réunions de CE sont purement dilatoires, les Américains n’ayant ni l’intention de reclasser leurs salariés ni de leur verser une prime exceptionnelle de licenciement.
Sur fond de basses manœuvres pour déménager les machines tandis que les salariés manifestent, et de collusion entre la direction de l’entreprise et le pouvoir politique, une intrigue se noue, contre toute attente, entre le représentant de SUD et la DRH, tous deux persuadés que les actions des salariés pour défendre leur emploi sont vaines. L’une le sait parce qu’elle est informée du projet de la direction américaine depuis le début, l’autre le pressent car il sait que les salariés sont toujours perdants dans ce type de litiges, quand bien même ils obtiendraient une prime de départ.
Accepter de battre en retraite, même moyennant finances, n’est d’ailleurs pas acceptable pour lui. Il en va de la fierté des hommes. Comme la direction a montré dès la première heure une détermination sans faille, le syndicaliste soutient l’idée que les salariés doivent mettre à exécution leur menace de détruire les stocks et d’incendier l’usine… Un roman réaliste dans son écriture et surtout son sujet !
Gérard Mordillat est écrivain et cinéaste. Il est l’auteur de nombreux romans, dont Les Vivants et les morts (Calmann-Lévy).
