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« Sur les 35 heures, les entreprises ont trouvé des équilibres »

L’actualité | L’interview | publié le : 11.01.2011 | GUILLAUME LE NAGARD

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« Sur les 35 heures, les entreprises ont trouvé des équilibres »

Crédit photo GUILLAUME LE NAGARD

E & C : La suppression des 35 heures divise les politiques, y compris dans leur propre camp, et une partie du patronat est réservée sur le sujet. Au sein des entreprises, y a-t-il une volonté de rouvrir le débat ?

J.-C. S. : Les praticiens des RH que nous sommes se montrent prudents. Les accords 35 heures signés dans nos entreprises il y a une dizaine d’années l’ont été au terme de négociations difficiles. Il a fallu trouver des équilibres pour faire face au surcoût engendré par la réduction du temps de travail. Souvenons-nous que ces accords ont souvent introduit de la souplesse horaire avec l’annualisation du temps de travail, parfois une modération salariale. S’ils étaient remis sur la table, les syndicats souhaiteraient revenir sur ces contreparties. La situation est stabilisée dans les entreprises. Ce qui ne signifie pas qu’il n’y ait rien à faire sur le champ plus large du coût du travail.

E & C : L’argument majeur des partisans d’une suppression des 35 heures est le coût du travail et la compétitivité. Les entreprises ont-elles souffert de cette réforme ?

J.-C. S. : Il est clair qu’une des variantes du coût du travail est le temps travaillé, même s’il faut introduire la productivité horaire dans l’équation. Pour être concret, les entreprises qui ont négocié des forfaits jours, par exemple, ont ajouté 10 à 20 jours non travaillés aux congés payés, soit au total 7 à 9 semaines d’absence rémunérées par an : la France a une position très singulière et il n’est pas illégitime de poser la question de la compétitivité. D’autre part, la réduction du temps de travail se traduisait à l’époque par une augmentation mécanique du coût du travail de 11,4 %. Malgré les accords, ce surcoût n’a pu être totalement compensé. Il reste que les 35 heures ont par exemple réduit – avant la crise de 2009 – le recours au chômage partiel, en partie financé par les pouvoirs publics. Par ailleurs, si les exonérations liées aux accords devaient être supprimées, cela aurait certainement des effets importants en matière d’emploi, notamment peu qualifié.

Auteur

  • GUILLAUME LE NAGARD