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Un cahier des charges pour choisir les consultants

Enquête | publié le : 11.01.2011 | V. L.

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Un cahier des charges pour choisir les consultants

Crédit photo V. L.

Le plan Darcos et la médiatisation des suicides à France Télécom ont suscité un appel d’air du côté de prestataires en tout genre. Diverses initiatives tentent d’aider les employeurs à y voir plus clair.

Bien-être, gestion du stress, coaching, massage, relaxation… « La vigilance doit être de mise sur l’offre actuelle d’actions centrées sur l’individu, il faut bien veiller à replacer les risques psychosociaux dans le contexte du travail », souligne Ségolène Journoud, chargée de mission à l’Anact.

« Ni l’INRS ni les Carsat [caisses d’assurance retraite et de la santé au travail, qui remplacent les anciennes Cram, NDLR] ne peuvent répondre à l’affluence des demandes d’interventions et de formations : nous ne sommes pas suffisamment nombreux et ce n’est pas non plus notre vocation première. Nous souhaitons donc plutôt former des relais pour démultiplier notre expertise », indique Valérie Langevin, psychologue du travail, expert d’assistance conseil sur les risques psychosociaux à l’INRS. Un stage “formation de formateurs relais en prévention des risques psychosociaux” est donc inscrit au catalogue 2011. Et le réseau francophone de formation en santé au travail va aussi mettre à disposition des managers toute une série d’outils pratiques, souligne-t-elle (lire encadré ci-dessous).

D’ores et déjà, chaque Carsat a identifié des consultants en capacité d’intervenir, sans que ces listes aient un caractère officiel ni exhaustif. L’INRS a aussi publié en avril dernier une brochure intitulée “Prévention des risques psychosociaux. Et si vous faisiez appel à un consultant ?”, dont les 10 000 exemplaires imprimés ont été épuisés en trois mois (téléchargeable sur <www.inrs.fr>). Ce guide très pratique recommande aux entreprises de « combattre le risque à sa source », autrement dit de s’engager dans une démarche de prévention primaire. Les consultants devront avoir des « compétences spécifiques, principalement du champ de l’ergonomie, de la psychologie du travail et de la sociologie du travail ». Par ailleurs, ils devront proposer une approche centrée sur le travail et non sur les individus.

La Direction générale du travail, sans s’engager dans la voie d’une labellisation, a travaillé avec 70 consultants de structures diverses (parisiennes et provinciales, petites et grandes, cabinets d’expertise CHSCT, ­organismes ayant différentes approches organisationnelles, psychologiques, etc.), à l’élaboration d’un cahier des charges de sélection des prestataires, à destination des employeurs, pour les aider à s’y retrouver.

Finalisation envisagée pour la fin mars

Une réunion en date du 10 décembre 2010 avait pour objet l’examen d’un premier modèle, un document abouti pouvant être envisagé pour fin mars, selon Hervé Lanouzière, conseiller technique à la DGT, en charge du pilotage de la cellule prévention des risques psychosociaux.

La nouvelle version en cours sera soumise en janvier à un petit groupe de DRH qui ont recours à ces cabinets, avant que le Coct (Conseil d’orientation sur les conditions de travail) ne soit consulté. La DGT, à l’origine très directive, a accepté, à la demande des consultants, d’être un peu plus “souple” en illustrant ses propos « par des exemples indicatifs et non pas exclusifs », détaille Hervé Lanouzière. Point important, s’agissant des organismes qui proposent des questionnaires, « nous demandons qu’ils soient validés scientifiquement, et que les cabinets soient capables d’expliquer comment ils sont construits », insiste le conseiller. De plus, alors que la première version du cahier des charges exigeait la proposition de questionnaires quantitatifs et qualitatifs, une position qui était défendue notamment par le cabinet d’expertise auprès des CHSCT Technologia, ce sera à l’avenir une alternative.

Principe d’une évaluation de l’action menée

« Il y avait une demande collective d’inscrire le principe d’une évaluation de l’action menée. Si le principe est bon en soi, nous trouvons en revanche délicat que ce soit le même cabinet qui intervienne. » Mais, dans ses engagements annexés au cahier des charges, l’employeur pourra inscrire cette évaluation.

En réponse à l’initiative de la DGT, 6 cabinets experts des risques psychosociaux* ont constitué une fédération des intervenants en risques psychosociaux, l’idée étant aussi de faire le tri parmi des confrères à la méthodologie ou à la déontologie douteuse. Mais les critères d’adhésion à cette nouvelle structure ayant été jugés trop restrictifs, notamment par des cabinets comme Technologia et Secafi, ainsi que par les plus petites structures, la fédération est en voie d’élargissement et des discussions autour de nouveaux statuts devaient être entamées.

* Artélie Conseil, Capital Santé, IAPR, Ifas, Psya et Stimulus.

Un réseau pour outiller les cadres sur la santé au travail

Le Réseau francophone de formation en santé au travail (RFFST)* assure la promotion et la mise en œuvre d’un référentiel de compétences pour les managers et les ingénieurs dans le domaine de la santé au travail. Il fait suite à la conférence sur les conditions de travail du 4 octobre 2007, au cours de laquelle les partenaires sociaux avaient demandé que les ingénieurs et managers soient mieux formés à la santé au travail.

Les ministres en charge du Travail, Xavier Bertrand, et de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, avaient alors missionné William Dab, professeur titulaire de la chaire d’hygiène et sécurité du Cnam, pour rédiger un rapport sur le sujet, remis en juillet 2008. Parmi ses douze propositions figurait la création d’un réseau de ressources, partant du constat que de nombreuses compétences en santé au travail étaient dispersées et qu’une ingénierie pédagogique était nécessaire. Le Cnam sert de plate-forme au réseau.

Le RFFST a pour objectif de mettre à disposition toute une série d’outils pédagogiques destinés à améliorer les compétences de base des cadres. Soit une cible d’environ 5 millions de personnes en activité et plus de 100 000 diplômés de l’enseignement supérieur par an.

Tous types de formateurs, professionnels enseignants, opérateurs privés en entreprise, préventeurs et les managers eux-mêmes sont susceptibles d’accéder aux outils. Le référentiel de compétences va se décliner sous la forme d’un guide de référence réalisé en mode wiki qui devrait être bientôt accessible en ce début d’année sur Internet, et officialisé lors d’un comité directeur présidé par Xavier Bertrand.

Chaque groupe de travail thématique (il en existe un concernant les notions de base sur les risques psychosociaux, un autre sur les indicateurs de santé au travail, également un sur l’organisation du travail et la santé, etc.) produit des diaporamas, vidéos et études de cas. 150 personnes en font aujourd’hui partie, avec une très forte implication des écoles d’ingénieurs et des entreprises (par exemple Airbus, Axa, IBM). « L’état des lieux des connaissances est validé scientifiquement par un comité, et non par le réseau », souligne Jean-Luc Bonnet, l’animateur du réseau.

* Les soutiens institutionnels du réseau sont l’INRS, la Cnamts, le Cnam et l’Anact.

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  • V. L.

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