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Enquête

Des dizaines de sessions de formation pour les managers

Enquête | publié le : 11.01.2011 | MARTINE ROSSARD

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Des dizaines de sessions de formation pour les managers

Crédit photo MARTINE ROSSARD

La Banque de France invite ses cadres à se former à la prévention des risques psychosociaux et à s’investir dans des plans d’actions.

La Banque de France a consacré l’an dernier 700 000 euros (6 % du budget formation) à des sessions sur la prévention des risques psychosociaux pour quelque 450 managers et 250 agents non cadres. Et elle va continuer cette année avec 51 sessions destinées à 600 managers et 28 à 300 employés.

Ces formations avaient été décidées en 2008, après une enquête lancée par l’Observatoire paritaire sur la prévention des risques de santé au travail. « L’enquête a révélé l’absence d’expositions marquées mais un risque diffus dû à notre culture d’entreprise, qui donne davantage la priorité à l’expertise qu’au management », déclare Frédéric Peyret, directeur général des ressources humaines. « Le risque existe, surtout dans les unités de travail où les effectifs ne suffisent pas face à la charge de travail, notamment parmi ceux du surendettement et et de la médiation du crédit », estime pour sa part Patrick Huberschwiller, animateur du collectif santé au travail de la CGT.

Participation des élus du personnel

L’étude avait été menée par le cabinet Psya, choisi par la direction. Et c’est également la direction qui a choisi, après appel d’offres, le cabinet Stimulus pour les sessions de formation. Mais les représentants du personnel ont participé aux groupes de travail mis en place sur les thèmes du management, de la reconnaissance au travail, de l’usure professionnelle et de la gestion des urgences.

Les formations destinées aux managers opérationnels et aux managers de proximité se déroulent sur deux jours, auxquels s’ajoute une journée de suivi, et, pour les non-cadres, sur deux journées plutôt axées sur la gestion du stress. Katia Tombois, déléguée syndicale nationale adjointe de la CFDT, se félicite du déploiement à grande échelle des formations pour les managers et note que ces derniers en apprécient le contenu. Mais elle regrette que les sessions ne soient pas obligatoires et que la formation des non-cadres soit moins complète.

« La formation doit permettre aux managers de prendre conscience des risques psychosociaux, de les identifier et de mettre en place une stratégie », souligne Frédéric Peyret. « Il leur faut, ajoute-t-il, accompagner les changements, faire comprendre la stratégie de la banque et écouter les aspirations de leurs collaborateurs afin qu’ils se sentent reconnus. » Ayant personnellement suivi la formation, le DGRH estime qu’elle permet de faire évoluer son point de vue, de repérer les comportements toxiques et d’analyser sa propre attitude. « Moi-même, je fonctionne peut-être trop à l’implicite, ce qui peut générer des incertitudes. Je devrais être plus explicite pour les tâches demandées à mes collaborateurs directs », confie-t-il. Pour lui, le ressenti des managers ayant suivi les sessions se révèle généralement positif, alors que certains doutaient de l’existence de risques psychosociaux.

Patrick Huberschwiller estime que tous les agents devraient suivre la même formation, « car il faut une approche collective prenant en compte l’organisation du travail et les modes de management ».

Plans d’action locaux

A l’issue de la formation, les managers sont invités à se réunir en groupes de travail et à élaborer des plans d’action locaux au niveau de chaque comité de direction. « J’attends des relais, j’ai dit aux cadres supérieurs de ne pas tout attendre d’un accord d’entreprise mais d’avancer avec des plans d’actions », explique Frédéric Peyret. Toutefois, signale-t-il, nous manquons de moyens pour mesurer l’impact réel de ces stages ». L’Observatoire paritaire pourrait donc être chargé de plancher sur la question.

Un accord collectif sur la prévention des risques psycho­sociaux devrait être négocié au premier semestre 2011. « Nous demanderons qu’il prenne en compte l’évolution de la charge de travail, l’affectation des moyens et la reconnaissance des agents », déclare Patrick Huberschwiller.

Favoriser l’autonomie

Katia Tombois, pour sa part, dénonce des mises au placard et des restructurations internes génératrices de risques psychosociaux. Elle cite une enquête de son syndicat, selon laquelle 20 % des agents se sentent peu impliqués dans leur travail et un tiers souffre d’un manque d’autonomie. Frédéric Peyret reconnaît la nécessité de favoriser l’autonomie et de réguler la charge de travail mais il incrimine aussi l’isolement comme facteur de risque. « C’est pourquoi, explique-t-il, nous devons sensibiliser l’ensemble de la chaîne hiérarchique et chercher des instruments de mesure des risques psychosociaux plus élaborés que l’absentéisme et le turn-over. »

BANQUE DE FRANCE

• Activité : banque.

• Effectif : 13 000 agents.

• CA 2009 : 4,6 milliards d’euros.

Auteur

  • MARTINE ROSSARD