Une nouvelle année, c’est une page blanche, comme si rien n’était encore déterminé. On espère l’improbable et le meilleur, bien sûr. A tous ceux qui travaillent dans les entreprises, je souhaite un quotidien riche de sens et de beaux échanges. Moins d’esprit hiérarchique aussi, et davantage de communication. La propension au positionnement que chacun porte en soi abîme les relations.
En fait, on est tous le hiérarchique de quelqu’un, dans l’entreprise ou ailleurs, même si la supériorité s’exerce parfois de façon subtile. Au lieu de rester figé derrière notre statut et notre fonction, allons plutôt à la rencontre de ceux qui nous entourent, engageons de vraies conversations et non des faux-semblants. On reconnaît les belles personnes à la considération qu’elles ont pour leurs interlocuteurs. Tout le monde peut facilement être attentionné face au Pdg, mais a-t-on le même comportement avec les personnes de l’accueil, les employés du restaurant d’entreprise ou même certains collaborateurs du service d’à côté ? Essayons de faire partie des personnes sans fierté ni distance, cela offrira des vacances à tous ceux que l’on côtoie. En étant plus authentique et présent, on deviendra également plus intéressant.
A ceux qui, en ce début d’année, s’interrogent sur eux-mêmes, j’ai envie de dire : « Le doute n’est pas une maladie. » La vie fait parfois bien des méandres avant de nous éclairer sur le chemin qui nous convient. Au moins, ceux qui doutent sont restés sensibles, ils ne sont pas aveuglés par la volonté de certitude qui ronge notre société. Car que maîtrise-t-on réellement…? L’incertitude est telle dans nos métiers et nos vies personnelles qu’il ne faut pas s’en vouloir de se sentir parfois désorienté. L’essentiel est probablement de se maintenir en mouvement. Le meilleur moyen de sortir du malaise est de lâcher prise et de continuer à avancer, guidé par ses valeurs : la clarté va se faire, en un temps qu’on ne peut décider par la volonté. Superman cède la place à un être plus humain, en quête de vérité, vulnérable mais pas démuni. Il est fort de son idéal et de ses aspirations.
A ceux qui trouvent que les autres réussissent mieux qu’eux ou plus rapidement, je souhaite une année de répit : la comparaison est l’école du malheur. On trouvera toujours quelqu’un de plus doué, plus beau, plus riche que soi. Prenons le temps d’apprécier ce que l’on a, au lieu de souffrir de ce que l’on n’a pas. Réfléchissons à ce que “réussir sa vie” veut dire. Dans vingt ans, de quoi sera-t-on le plus fier ? Qu’appréciera-t-on d’avoir fait et d’être devenu ? Quelles valeurs aura-t-on incarnées ? Qu’aura-t-on apporté ? aux personnes qui nous entourent ? Les choses essentielles ont peu de liens avec la “réussite”.
Enfin, je souhaite de tout cœur que cette année soit celle de l’innovation collective. Faire émerger un monde différent, plus juste, plus humain, plus respectueux serait la plus belle réalisation qui soit ; chacun peut y contribuer à sa manière, car chaque action compte. Et si certains trouvent qu’un individu isolé n’a pas de pouvoir, pensez donc à cette voiture en panne qui, toute seule, parvient à bloquer l’autoroute… On est tous fatigués de la disharmonie des vieux modèles. C’est donc le moment d’explorer du nouveau, dans tous les domaines. Quel est le risque ? Celui de réussir ensemble.
Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris.<
