E & C : Alors que l’on insiste sur les formations pour les seniors comme outil essentiel à la reconversion ou au maintien dans l’emploi, le Céreq publie dans son dernier Bref* les conclusions de l’enquête “Formation continue 2006” démontrant que l’âge ne doit pas être le seul paramètre à prendre en compte. Qu’en est-il vraiment ?

C. F. : En effet, s’il est admis que le taux d’accès à la formation décroît à mesure que l’âge augmente, passant progressivement de 51 % pour les moins de 30 ans à 28 % pour les plus de 60 ans, il ressort également que les inégalités se creusent selon le profil du salarié. Ainsi, plus de la moitié des cadres de 50 à 59 ans ont accédé à la formation en 2006 contre 18 % des ouvriers aux mêmes âges. Les plus qualifiés restent donc les premiers bénéficiaires de la formation, quel que soit leur âge. Autre démonstration, le nombre de formations, qui, sans surprise, baisse avec l’âge : 14 % des moins de 30 ans ont suivi trois formations ou plus, pour 10 % des plus de 50 ans. Mais parmi eux, seuls 2 % des ouvriers sont concernés contre 23 % de cadres.

E & C : La catégorie socioprofessionnelle est-elle également déterminante pour le changement d’emploi ?

C. F. : Plus on vieillit et moins la formation a pour objectif un changement d’emploi : la proportion passe de 8 % pour les moins de 30 ans à 2 % pour les plus de 50 ans. Les salariés les moins qualifiés déclarent pourtant, bien avant 50 ans, souhaiter des formations longues visant un changement d’emploi.

E & C : Qu’en concluez-vous ?

C. F. : Il y a lieu de s’interroger sur la pertinence d’une catégorie seniors en matière de formation professionnelle. Pour de nombreux salariés, il serait plus pertinent d’agir avant 50 ans, en milieu de carrière et auprès de ceux ayant besoin d’améliorer leurs compétences, ainsi qu’auprès de ceux qui ont le moins bénéficié de formations au départ.