M. Capron, F. Quairel-Lanoizelée, M.-F. Turcotte, Economica, 220 pages, 29 euros.

Les domaines de compétence traditionnels des normes ISO sont relatifs aux techniques et, plus récemment, aux sociotechniques. Ce sont des normes de processus qui prescrivent des règles. La norme ISO 26000, qui fournit des lignes directrices sur les principes, les concepts et les domaines d’action de la responsabilité sociale, y déroge puisque son objet est aussi politique, et pas seulement technique.

A l’issue d’un processus de réflexion qui aura duré cinq ans, la dernière version de cette norme a été adoptée courant septembre 2010 : 93 % des membres du groupe de travail ont émis un avis favorable, dont la Chine, ce qui était inespéré. Seuls 5 pays ont voté contre (Cuba, Etats-Unis, Inde, Luxembourg, Turquie).

Les auteurs n’ont pas pour objectif ici ni de résumer cette norme, qui tend vers une conception mondiale de la responsabilité sociétale, ni d’expliquer comment l’appliquer, mais bien d’en analyser les enjeux et les limites au regard de sa crédibilité en termes économiques, juridiques et sociaux. Face à la multiplication des normes nationales en matière de RSE et forte de sa notoriété et de son expérience dans ce domaine, ISO ne pouvait abandonner ce sujet à d’autres normalisateurs.

Cependant, l’ambition du projet questionne sa légitimité, d’autant qu’il s’agit cette fois de la définition d’une norme sans certification associée. Le consensus obtenu sera-t-il suffisant dans les faits pour faire avancer la cause de la responsabilité sociétale des entreprises ? L’avenir le dira.