Le niveau de compétences des Britanniques n’est pas à la hauteur des espérances de leur gouvernement. Dans un document publié mi-novembre par Vince Cable, le secrétaire d’Etat au Commerce et à l’Innovation, on apprend que la population active dispose de bien moins de savoir-faire que celles de la France, de l’Allemagne ou encore des Etats-Unis.

De plus, 16 % des Britanniques, soit quelque 5,2 millions de personnes, ne maîtriseraient pas les bases de la grammaire et de l’orthographe anglaises. Avec une conséquence fâcheuse : une moindre productivité de l’ordre de 15 %, comparé aux pays précédents. « Près de 80 % de la population qui sera active en 2020 a d’ores et déjà quitté l’école obligatoire », relève encore le rapport. C’est dans ce contexte que le gouvernement a adopté une nouvelle straté– gie en matière de renforcement des connaissances sous le nom de “Skills for sustainable growth” – littéralement “des compétences pour une croissance durable”.

Cette nouvelle initiative s’insère dans un contexte de réduction drastique du déficit budgétaire du Royaume-Uni ; il n’empêche, le gouvernement s’est engagé à mobiliser une enveloppe financière suffisante pour permettre la mise en œuvre des mesures.

Les jeunes, qui restent les plus touchés par le chômage, constituent la cible prioritaire de ce programme : l’Etat s’engage donc à assurer le financement total pour les jeunes adultes de 19 à 24 ans de l’accession au niveau de qualification équivalant au General Certificate of secondary education (GCSE), diplôme sanctionnant la fin de l’enseignement général dans plusieurs pays anglo-saxons, obtenu généralement vers 16 ans.

Pour la méthode, l’Etat a parié sur l’apprentissage : d’ici à 2014-2015, le nombre de parcours d’apprentissage pour les jeunes adultes sera augmenté de 75 000, portant ainsi à plus de 200 000 au total les personnes démarrant un programme d’apprentissage chaque année. Pour soutenir cette expansion, le gouvernement augmentera son financement jusqu’à 250 millions de livres au cours de la période considérée, portant ainsi l’investissement total dans les programmes d’apprentissage à 605 millions de livres en 2011-2012 et à 648 millions de livres les deux années suivantes.

Cette nouvelle campagne s’accompagne aussi d’une véritable révolution dans la forme : alors que, jusqu’à présent, les programmes en matière de formation et d’apprentissage étaient décidés directement par le gouvernement, les nouvelles mesures vont dans le sens d’une plus grande décentralisation et d’un partage des responsabilités et des financements. Désormais, les entreprises et les instituts de formation privés seront plus étroitement consultés sur le choix des compétences à améliorer.

Le gouvernement s’attend également à un accroissement des formations proposées par les PME, car elles bénéficieront à ce titre d’un coup de pouce de l’Etat à hauteur de 100 millions de livres par an.

Si bon nombre d’observateurs ont approuvé la démarche, d’autres, à l’instar de l’association des producteurs britanniques EEF (qui représente le secteur manufacturier), a regretté que le train de mesures ne soit pas suffisamment radical. Selon l’organisme, le pays aurait davantage besoin d’un système émanant des exigences et des besoins des employeurs et individus plutôt que des objectifs gouvernementaux.