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Les pratiques

AST Grand Lyon réforme sa médecine du travail

Les pratiques | publié le : 14.12.2010 | VÉRONIQUE VIGNE-LEPAGE

Pour faire face à toutes les contraintes et évolutions de son métier, l’AST (Association santé au travail) Grand Lyon s’est engagée dans un projet de service qui réaffirme ses missions, réforme son organisation et crée de nouveaux métiers.

AST Grand Lyon est l’un des plus importants services de santé au travail de France, avec 180 salariés, 13 000 entreprises adhérentes et 200 000 travailleurs suivis. Comme tous, il doit faire face à un environnement en total bouleversement : « Manque croissant de médecins du travail, nouveaux risques, réforme qui tarde à venir, obligation de résultat des employeurs… », liste Karine Passagne-Cortesi, la directrice. « Il fallait absolument redonner du sens à notre mission et réfléchir à notre organisation », assure-t-elle.

Trois enquêtes, trois groupes de travail

Pour ce faire, la CMT (Commission médico-technique), qui réunit des représentants des 85 médecins du travail et de la direction, a été désignée comité de pilotage et formée à la conduite de projet début 2008. Trois enquêtes auprès des employés d’AST, des employeurs adhérents et des salariés, servent de base à un diagnostic partagé. Puis trois groupes de travail ont été constitués : harmonisation des pratiques ; optimisation du temps ; prévention via la priorisation des actions. « Ils réunissaient des membres de la CMT, d’autres médecins volontaires, la responsable RH et des membres – ergonome, psychologue du travail… – de Rhône Prévention Santé Travail* », poursuit la directrice. En 2009, un séminaire élargi aux cadres aboutit à la rédaction d’un projet de service, lequel est, depuis, décliné collectivement en actions.

Redistribution des rôles

Première orientation : remettre de la cohérence entre les interventions individuelles et collectives. En clair, puisque toutes les visites systématiques ne peuvent être assurées faute de médecins, il s’agit de prioriser les actions en redistribuant les rôles : « Le médecin reste le fil rouge, mais d’autres compétences sont mobilisées en fonction du besoin de l’adhérent. » Les 27 centres locaux pourraient ainsi être réorganisés en un plus petit nombre d’équipes, thématiques et pluridisciplinaires. Cette nouvelle organisation va être testée en 2011 dans deux centres, l’un urbain et tertiaire, l’autre en zone industrielle.

Autre angle : construire des actions collectives avec des partenaires extérieurs. « Avec la Carsat, par exemple, nous coordonnons nos actions, à commencer par celles sur le risque chimique, commente la directrice. Nous avons aussi amorcé une opération avec la branche restauration traditionnelle. »

Enfin, le projet passe par l’intégration de nouveaux métiers. Huit secrétaires médicales, formées par le Cnam de Lyon à la fonction d’assistantes prévention santé au travail (APST), sont chargées de rencontrer tous les primo-adhérents pour un premier repérage. Depuis leur prise de poste, en janvier 2010, elles ont visité 120 entreprises par mois. « Nous n’en aurions vu que 10 %, assure le Dr Ferrand, médecin-coordonnateur. Ces APST, refusées par un seul de nos médecins, sont nos yeux et nos oreilles : leur rapport, que nous complétons, est remis à l’entreprise avec des préconisations. »

Prochaine étape : le recrutement en 2011 de deux infirmières du travail. « Nous étudions toutes les modalités de répartition des rôles, poursuit-il. Mais cela implique pour nous de lâcher prise et de protocoliser nos pratiques, ce qui est nouveau et difficile. Nous allons faire le test, mais le risque est que l’on en profite pour augmenter notre portefeuille, alors que nous sommes déjà débordés par des consultations longues de souffrance au travail. »

* GIE constitué avec l’autre service interentreprises de santé au travail de l’agglomération lyonnaise, l’Agemetra.

Auteur

  • VÉRONIQUE VIGNE-LEPAGE