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Saisonniers : le statut en question

L’actualité | publié le : 14.12.2010 | LAURENT POILLOT, ÉLODIE SARFATI

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Saisonniers : le statut en question

Crédit photo LAURENT POILLOT, ÉLODIE SARFATI

L’approche des fêtes de fin d’année et le début de la saison d’hiver remettent sur le devant de la scène les saisonniers et leurs conditions d’emploi. Une population qui commence à se mobiliser pour son statut et que certains employeurs s’efforcent de fidéliser.

A quelques jours des vacances de Noël, les saisonniers s’apprêtent à gonfler les effectifs d’un certain nombre d’entreprises. Une population pour le moins hétéroclite, méconnue – aucune statistique officielle n’étant disponible – mais qui commence à se mobiliser. C’est du moins ce qu’espèrent les organisateurs du premier forum social des saisonniers, qui s’est tenu début décembre, à Aubagne (13). Objectif : « Mettre sous les projecteurs le statut des saisonniers », explique le coordinateur, Richard Dethyre, au moment où les partenaires sociaux commencent à négocier la future convention Unédic d’indemnisation du chômage, dans un contexte encore marqué par la crise.

Indemnisation chômage minorée

Pour peser sur les discussions, plusieurs saisonniers ont saisi la Halde en marge du forum, s’estimant victimes de discrimination de la part de l’Unédic. En effet, dénonce Richard Dethyre, d’une part, leur indemnisation chômage est minorée ; d’autre part, les saisonniers craignent de voir ressurgir une disposition de la convention 2006-2008, qui supprimait leurs indemnités au-delà de trois ouvertures de droits successives.

En 2009, cette mesure avait été abrogée. Mais les divergences pourraient renaître entre les syndicats qui considèrent que les cotisations versées par les salariés saisonniers doivent leur garantir des indemnités pendant les périodes d’intersaison (CGT et FO), et les trois syndicats signataires de la convention 2006-2008 (CFDT, CFTC et CFE-CGC), qui remarquaient à l’époque que le régime ne peut pas financer indéfiniment une alternance de cinq mois chômés pour sept mois travaillés.

Ce que révèle aussi ce débat, c’est la disparité des situations vécues par les saisonniers. Car dans cette population se retrouvent des professionnels aguerris occupés tout ou partie de l’année, mais aussi des pluriactifs, des étudiants de passage ou des chômeurs de longue durée obligés de se tourner vers la saisonnalité faute de mieux. Au forum d’Aubagne, les débats sur la saisonnalité choisie ou subie ont été vifs, raconte Richard Dethyre.

Cependant, dans un pays où le chiffre d’affaires des activités touristiques atteint 146 milliards d’euros par an, tout le monde s’accorde à reconnaître la nécessité, pour les entreprises, de bénéficier d’une main-d’œuvre « fidélisée et bien formée », souligne François Vannson, député UMP des Vosges, en charge d’un rapport sur le développement des emplois en zone de montagne. Les propositions du groupe de travail devraient être rendues publiques début 2011, afin, entre autres, de développer l’emploi des saisonniers toute l’année. « Il faut aborder la saisonnalité de la manière la plus transversale possible, estime le député. Un perchiste n’est pas forcément maître nageur l’été, il doit pouvoir cumuler avec des emplois dans l’agroalimentaire, la construction… Or la plupart des saisonniers ne peuvent développer cette biqualification, car ils n’ont pas accès aux dispositifs de la formation continue, comme le DIF et le CIF-CDD. Il faudrait dépoussiérer ce système, mais aussi permettre de conclure des contrats d’alternance avec plusieurs employeurs. »

Inégalement protégés

L’enjeu est aussi, pour François Vannson, de déployer les bonnes pratiques pour mieux prendre en compte les saisonniers, dont la situation, dit-il, « évolue de façon inégale ». De fait, les salariés des remontées mécaniques sont bien mieux protégés par leurs accords de branche, qui leur garantit la reconduction de leur contrat d’une saison à l’autre.

Dialogue social territorial

En Rhône-Alpes, la Direccte et les syndicats de salariés rappellent l’importance du dialogue social territorial pour concilier besoins de main-d’œuvre locaux et sécurisation des parcours professionnels. Une expérience est ainsi menée depuis deux ans dans le massif des Bauges au sein du Centre interinstitutionnel de bilans de compétences de Savoie (CIBC 73). Une centaine de saisonniers – majoritairement des femmes – ont été accompagnés, notamment sous forme de bilans de compétences et de VAE. « Nous avons trouvé des solutions pour 72 personnes, qui occupent l’été, localement, des métiers différents du leur, par exemple dans la filière bois ou le transport de voyageurs », résume Antoine Fatiga, le référent saisonniers de la CGT Rhône-Alpes.

Auteur

  • LAURENT POILLOT, ÉLODIE SARFATI