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Une proposition qui ne se refuse pas

Enquête | publié le : 07.12.2010 | MARIETTE KAMMERER

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Une proposition qui ne se refuse pas

Crédit photo MARIETTE KAMMERER

Afin d’accompagner déménagements et fermetures de sites, Hewlett-Packard a mis en place le télétravail à la demande de l’entreprise, à des conditions financières très intéressantes. Une première en France.

Chez Hewlett-Packard, l’accord sur le télétravail signé en juillet 2010 a mis un terme à des négociations commencées en 2008 et interrompues à plusieurs reprises, faute de consensus. Le texte auquel sont parvenus la direction et l’ensemble des syndicats prévoit notamment le télétravail à la demande de l’employeur, en vue de “projets immobiliers”, avec dans ce cas des compensations financières incitatives.

Règles communes

Pour les syndicats, l’enjeu était de « mettre fin à des pratiques de télétravail sauvage », d’obtenir des règles communes et une indemnisation du télétravail. Pour la direction, le télétravail était « une mesure d’accompagnement du déménagement » des bureaux d’Issy-les-Moulineaux (92), à 23 kilomètres de là, aux Ulis (92). Il s’agissait également d’accompagner la fermeture de cinq agences en région début 2011.

« La direction met en avant le bien-être des salariés, alors que sa motivation est d’abord financière », estime Jean-Paul Vouiller, délégué CFTC. En regroupant les effectifs aux Ulis dans des bureaux vides, propriétés d’HP, la direction pourra économiser des loyers à Issy-les-Moulineaux à hauteur d’un million d’euros par an et par étage de bureaux, indique une source syndicale. Sans compter que, toujours de source syndicale, il y a aux Ulis 950 bureaux pour 1 550 salariés rattachés.

« C’est une convergence d’intérêts, estime le DRH, Philippe Russo. Les salariés réclamaient cette mesure depuis longtemps et l’entreprise y trouve son compte car elle pourra, à terme, réduire sa superficie de bureaux. » « Les salariés nomades ont déjà un bureau pour trois sans être en télétravail, et ce nombre va encore diminuer », s’inquiète Pierre Roussenq, délégué FO.

« Nous avons créé des espaces de bureaux partagés, mais nous avons gardé assez de locaux pour accueillir tout le monde, assure Philippe Russo, car nous respectons le principe du volontariat et ne savons pas encore combien de salariés choisiront le télétravail. »

750 euros d’aide à l’installation

La direction table sur environ 300 candidats d’ici à un an et consent des indemnités non négligeables pour les y inciter. Ainsi, les salariés d’Issy-les-Moulineaux, Nanterre et Les Ulis qui acceptent le télétravail 4 jours par semaine bénéficieront de 750 euros d’aide à l’installation et de 72 euros par mois pour les dépenses d’électricité et de chauffage. « L’accord distingue les cas du télétravail à la demande de l’entreprise, dans le cadre de projets immobiliers ou de réorganisation du travail, des cas de télétravail à l’initiative du salarié, pour lesquels l’indemnisation se limite à 40 euros pour l’abonnement Internet, ce qui est très faible », précise Jean-Paul Vouiller.

A ce jour, 175 candidats au télétravail se sont déclarés, une montée en puissance « plus rapide que prévu », selon le DRH, alors que les syndicats soulignent au contraire « les difficultés pour faire appliquer l’accord par certains managers qui refusent le télétravail dans leur service », précise Michel Soumet, délégué CGT.

« Il y a quelques résistances, admet Philippe Russo. Les cas de refus seront étudiés par la commission de suivi et, par ailleurs, tous les managers doivent suivre une formation pour intégrer le télétravail dans leur fonctionnement. »

Dans le cas particulier des fermetures d’agences à Aix, Bordeaux, Rennes, Rouen et Villepinte, l’accord prévoit des indemnités plus importantes pour les salariés qui acceptent le télétravail de quatre jours par semaine. Ils bénéficieront de 1 500 euros de “prime incitative”, de 1 000 euros d’aide à l’installation, de 250 euros pour l’achat d’une imprimante, de 90 euros par mois pour l’électricité et le chauffage et de 40 euros par mois pour les frais Internet. « A défaut d’empêcher les fermetures de sites, nous avons obtenu ces indemnités et, surtout, nous avons négocié que les salariés puissent se rendre dans des bureaux de passage plusieurs jours par semaine », indique le délégué CGT. « Dans le cadre de l’ANI de 2005, nous nous engageons à permettre la réversibilité du choix du télétravail, donc nous avons accordé ces bureaux de passage demandés par les salariés », explique Philippe Russo.

Du même coup, l’opération n’est plus très rentable pour la direction, qui devrait gagner 450 000 euros en fermant ces agences, mais en dépenser 200 000 dans la location de bureaux de passage, indique la CFTC. On ne connaît pas encore le nombre de candidats au télétravail dans ces agences, qui fermeront en janvier 2011.

Les principales dispositions de l’accord HP

→ Télétravail volontaire et réversible.

→ Jusqu’à 4 jours par semaine.

→ Moyens et compensations financières :

– à la demande de l’employeur : jusqu’à 1 500 euros de prime + 1 000 euros d’aide à l’installation + 250 euros pour une imprimante + 90 euros par mois pour l’électricité et le chauffage + 40 euros par mois pour les frais internet ;

– à la demande du salarié : ordinateur portable et 40 euros mensuels pour les frais Internet.

HEWLETT PACKARD

• Effectif France : 5 000 salariés.

• Candidats au télétravail : 175 salariés.

• Chiffre d’affaires HP France 2009 : 2,96 milliards d’euros.

Auteur

  • MARIETTE KAMMERER