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Enquête

Un quart des salariés en télétravail

Enquête | publié le : 07.12.2010 | E. F.

Alcatel-Lucent est sans doute l’entreprise qui affiche la plus forte proportion de télétravailleurs. Les salariés recherchent un meilleur équilibre des temps de vie, estime la direction. C’est la solution qu’ils ont trouvée pour supporter la nouvelle organisation, selon la CFE-CGC.

La direction et la CFE-CGC (2e syndicat) d’Alcatel-Lucent France sont presque d’accord. Le télétravail, formalisé par un accord unanime en janvier 2008, est un succès : les salariés sont nombreux (27 %) à avoir opté pour cette organisation (à domicile, deux jours par semaine maximum, ce qui exclut les nomades). Signe qu’ils l’apprécient, aucun n’a demandé à revenir en arrière ; l’encadrement ne se plaint pas. En revanche, les avis divergent sur les raisons de ce succès : souscription des salariés à un nouvel avantage ou choix par défaut pour contourner les bureaux partagés ?

Equilibre vie privée-vie professionnelle

Le télétravail a été expérimenté chez l’équipementier en télécommunications à partir de 2002. « Il s’agissait alors de tester nos produits, car nous disposons de solutions de télétravail », explique Didier Baichère, DRH d’Alcatel-Lucent France. Le télétravail concerne alors peu de salariés, jusqu’à 70. Il décolle vraiment à partir de 2008. A cette époque, l’entreprise procède à de nombreux rachats, se restructure, regroupe ses salariés, notamment en Ile-de-France. « En 2007 et 2008, il y a eu 2 000 mouvements en Ile-de-France. Le télétravail devenait une évidence pour équilibrer la vie privée et la vie professionnelle », déclare Didier Baichère.

Au moment de la signature de l’accord télétravail, environ 500 salariés travaillaient à distance, contre 1 800 aujourd’hui, soit 27 % de l’effectif. Selon le DRH, on approche d’ailleurs du plafond. « Notre accord prévoit qu’au maximum 40 % de l’effectif soient en télétravail, mais cela m’étonnerait qu’on y parvienne », explique-t-il. En outre, l’appétence des télétravailleurs pour cette organisation a ses limites puisqu’ils utilisent en moyenne une seule journée hebdomadaire, bien répartie sur la semaine, sans pics le mercredi ni le vendredi.

Bureaux “déshumanisés”

Pour expliquer l’intérêt des salariés pour le télétravail, la direction met en avant le confort qu’il procure pour gérer son temps et ses transports. A contrario, Frédéric Aussedat, DSC CFE-CGC, estime que c’est le développement des bureaux partagés, “déshumanisés”, qui alimente la demande. Les bureaux partagés (le salarié n’est plus “propriétaire” de son bureau, qu’il doit rendre tous les soirs) ont été mis en place à partir de septembre 2009 sur le site de Vélizy (78) ainsi qu’au nouveau siège en 2010. Le but d’un tel système est d’optimiser l’occupation des bureaux (moins de bureaux qu’il n’y a de salariés afin de réaliser des économies). Du point de vue des syndicats, le télétravail serait donc en quelque sorte l’huile dans les rouages de ce système.

ALCATEL-LUCENT FRANCE

• Effectif : 7 000 salariés.

• Télétravailleurs : 1 800 salariés.

• Chiffre d’affaires monde 2009 : 15,2 milliards d’euros.

Des économies impossibles à chiffrer

Après l’entreprise sans usine, l’entreprise sans bureaux ? Le déménagement en juin 2010 du siège d’Alcatel-Lucent du 8e au 7e arrondissement de Paris a permis de réduire le nombre de mètres carrés de 20 000 pour 700 personnes (28,5 m2 par personne) à 5 500 pour 300 personnes (18,5). Ce déménagement s’accompagne de deux nouveautés organisationnelles (l’open space et les bureaux partagés), qui s’ajoutent au télétravail. S’il est indubitable que ces trois innovations ont leur part dans la densification du siège et dans les économies qui en résultent, il est en revanche impossible d’isoler le bénéfice propre au télétravail. « Le télétravail permet une gestion plus souple de l’open space, admet Didier Baichère, le DRH, mais il ne faut pas oublier qu’il a un coût. » Il précise cependant qu’« il n’y a eu aucune enquête sur les économies générées par le télétravail ». « Il ne faut pas laisser croire aux entreprises que la recherche d’économies puisse être une raison suffisante pour le mettre en place », conclut-il.

Les principaux points de l’accord Alcatel Lucent

→ Télétravail à domicile uniquement à la demande du salarié,.

→ Deux jours par semaine maximum.

→ Sont exclus les salariés absents de leur poste de travail 2 jours ou plus par semaine, donc les salariés nomades.

→ Moyens matériels (ordinateur portable, prise en charge de l’abonnement Internet…), assurance.

Auteur

  • E. F.