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Le statut du télétravailleur en préparation

Enquête | publié le : 07.12.2010 | E. F.

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Le statut du télétravailleur en préparation

Crédit photo E. F.

La direction et les syndicats d’IBM entament des négociations desquelles il pourrait enfin sortir un statut du télétravailleur. La direction veut éviter une “dispersion” des salariés à leur domicile.

Ne parlez pas de télétravail, il n’existe pas officiellement chez IBM. Mais les choses pourraient changer. A l’issue de négociations ouvertes le 25 novembre, IBM va peut-être se doter de règles négociées dans ce domaine. La première réunion a permis de donner une définition de la mobilité et du télétravail. La direction envisage d’aboutir fin mars 2011. En attendant, « nous ne parlons pas de télétravail mais de mobilité », déclare Eloïse Verde-Delisle, directrice des relations sociales. L’absence officielle de “télétravailleurs” peut paraître incongrue dans cette entreprise de services de 10 000 salariés, pratiquement tous équipés en informatique, comptant 90 % de cadres, habitués des “conf-call” et du management des équipes à l’étranger. Elle s’explique par le fait que le rapport des salariés à leur lieu de travail se réduit à deux possibilités : être mobile, totalement ou en partie, ou sédentaire, à l’exclusion de toutes les autres.

Le salarié mobile n’est pas télétravailleur

Les sédentaires (40 % de l’effectif) travaillent dans un bureau d’IBM, contrairement aux mobiles (consultant, commercial…) qui sont en clientèle. Selon Eloïse Verde-Delisle, un salarié mobile « n’est pas concerné par l’accord national interprofessionnel de 2005 » sur le télétravail et n’est donc pas un télétravailleur. Il ne devrait pas le devenir dans le futur accord. Pour qu’il en soit ainsi, il aurait fallu que son travail, « qui aurait également pu être réalisé dans les locaux de l’employeur, [soit] effectué hors de ces locaux de façon régulière », précise l’ANI.

Des situations hétérogènes

C’est pour les sédentaires que les choses vont sans doute évoluer. Sous l’effet de plusieurs phénomènes, leurs situations sont devenues plus hétérogènes. « A la suite de rachats, nous avons hérité de 33 salariés bénéficiant du télétravail à domicile ; lorsqu’un site ferme, il faut envisager des mesures temporaires avant de repositionner les salariés sur de nouvelles missions, et tenir compte des salariés malades ou qui habitent loin », décrit la directrice des relations sociales.

« Aujourd’hui, le télétravail à domicile ne se fait pas, mais je suis persuadé que des gens travaillent de chez eux », estime Gérard Chameau, DSC CFDT. Un futur accord prendrait donc acte des situations existantes. La crainte d’Eloïse Verde-Delisle est que, « à laisser s’installer le travail à distance de manière trop occasionnelle, on pourrait négliger des risques, par exemple sur les installations électriques ou en termes d’assurance ».

La mise en place de bureaux de proximité il y a une dizaine d’années, dans lesquels les salariés franciliens et marseillais peuvent se rendre un à trois jours par semaine, complique encore les choses. « Il y a maintenant une demande de la part d’une minorité de salariés partiellement mobiles de sécuriser une organisation du travail qui leur convient depuis les bureaux de proximité », expose Eloïse Verde-Delisle.

Pour toutes ces raisons, elle estime qu’« il est temps d’harmoniser les règles sur la mobilité et de préciser qui peut bénéficier du télétravail à domicile ou en bureau de proximité ». La CFDT est demandeuse : elle constate en effet que « les salariés veulent le télétravail ». Dans les négociations qui démarrent, la directrice des relations sociales voudra éviter deux écueils. D’abord que « les salariés ne se dispersent à domicile : en tant qu’employeur, mon intérêt est que le télétravail à domicile reste occasionnel, d’autant que j’ai des espaces pour accueillir les salariés ». Ensuite, « il faudra que je m’assure que les salariés ne travaillent pas trop, c’est à ce risque que nous sommes exposés, davantage qu’à l’inverse ». Deux points de vigilance sur lesquels elle ne devrait pas avoir trop de mal à rallier les syndicats.

Un taux d’occupation par bureau en hausse

→ En mettant progressivement en place, sur une dizaine d’années, les bureaux de proximité, puis les bureaux partagés et l’open space, IBM a substantiellement augmenté le taux d’occupation de chaque bureau. Dans les années 1990, un "sédentaire" occupait seul son bureau, tandis qu’aujourd’hui, ils sont 5 pour 4 bureaux. A l’autre bout du spectre, il y avait auparavant 1 bureau pour 10 consultants, contre 1 pour 15 actuellement.

→ Ces innovations ont permis de réduire le nombre de bureaux du siège, lorsqu’il était situé dans une tour de La Défense (92), de 4 000 à 2 600 à l’occasion de son déménagement à Bois-Colombes (92). Mais cette réduction s’explique également par le fait qu’une partie des salariés de l’ancien siège a basculé vers l’est parisien, afin d’optimiser l’occupation des immeubles qui y sont situés. Pour autant, « ce type d’approche ne permet pas de réaliser des économies substantielles et ce n’est pas le but », déclare Eloïse Verde-Delisle, directrice des relations sociales, qui rappelle qu’il faut équiper les salariés en informatique.

IBM

• Effectif France : 10 000 salariés.

• Effectif monde (2009) : 400 000 salariés.

• Chiffre d’affaires monde (2009) : 95,8 milliards de dollars.

Auteur

  • E. F.