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NAO 2011 : démarrage sous haute tension

L’actualité | publié le : 30.11.2010 | AURORE DOHY

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NAO 2011 : démarrage sous haute tension

Crédit photo AURORE DOHY

Avec des budgets d’augmentation en berne pour la troisième année consécutive en dépit d’une reprise économique annoncée, les NAO s’ouvrent dans un climat particulièrement tendu. Pour compenser la faiblesse des enveloppes, les entreprises sont nombreuses à consentir des efforts en faveur des bas salaires.

Encéphalogramme plat… En 2011, les budgets d’augmentation ne devraient pas bouger d’un iota par rapport aux deux années précédentes. Après une augmentation de 2,9 % en 2009 et de 2,6 % en 2010, les analystes du secteur prévoient une hausse des salaires échelonnée entre 2,5 % et 2,7 %. Et encore ! Alors que s’est ouverte en octobre la première vague de négociations annuelles obligatoires (NAO) dans les entreprises, les accords d’ores et déjà conclus ou les premières discussions démontrent, si besoin en était, que cette progression a minima n’est pas même garantie.

Norauto, qui a signé un accord dès le mois de juillet, prévoit ainsi, au 1er janvier, une augmentation de 1,4 % pour les employés et les agents de maîtrise et de 0,9 % pour les cadres. Les salariés de la Société générale devraient être encore plus mal lotis : après deux réunions depuis le début du mois d’octobre, la banque ne propose toujours qu’une hausse de 0,7 %, avec un plancher de 250 euros.

Une situation exceptionnelle

« Au cours des trente dernières années, les budgets d’augmentation étaient compris entre 3,3 % et 3,5 %, jamais en deçà. La situation présente est totalement exceptionnelle », souligne Pierre Le Gunéhec, responsable de l’offre stratégie et relations sociales chez Aon Hewitt. Exceptionnelle et potentiellement explosive. Car non seulement l’inflation semble refaire surface (1,5 % prévu pour 2010 et 2011), après avoir été quasi inexistante en 2009, mais les salariés, échaudés par le sentiment de ne pas avoir été entendus sur le terrain des retraites, pourraient bien s’arc-bouter sur celui des salaires.

Esprit de résistance

Certain que le conflit autour de la réforme des retraites laisserait des « traces profondes », Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, pronostiquait déjà fin octobre un « esprit de résistance » accru dans les entreprises, notamment sur la question de la rémunération. Plus palpables encore, les signes de reprise économique qui se multiplient ne peuvent qu’attiser les attentes des salariés au régime sec depuis le début de la crise.

« En 2009, en pleine déroute économique, personne n’osait remettre en cause la légitimité d’une modération salariale, précise Pierre Le Gunéhec. En 2010, la pilule a déjà été un peu plus dure à avaler, mais elle se voyait encore justifiée par la fragilité de la situation économique. Par contre, comment voulez-vous qu’elle passe cette année ? » Illustration chez HP, où, à la suite de débats houleux, seuls 4 des 16 syndicats que comptent les trois succursales françaises ont accepté, le 19 novembre, de parapher l’accord. « Après avoir totalement gelé les augmentations en 2010, la direction ne nous propose que 0,47 % pour 2011, souligne François Godard, délégué syndical central CFDT. Quand on sait que le chiffre d’affaires de la filiale française devrait connaître un bond de 14 % cette année, on croit rêver. »

Dans le secteur bancaire, qui semble également avoir renoué avec la bonne, voire très bonne santé financière, la négociation de branche s’est ouverte le 27 octobre. Pour l’heure, aucune mesure générale d’augmentation n’a été proposée par l’Association française des banques (AFB).

Un “effort” dans le secteur bancaire

« Le secteur devrait annoncer en fin d’année des résultats financiers à la hauteur de 2007, l’année record, explique Sébastien Busiris, responsable de FO-Banques. Les salariés, qui ont traversé la tourmente, continué à accueillir la clientèle, alors que leur secteur d’activité était tenu pour responsable de la déroute financière, et qui ont parfois subi des agressions verbales, attendent la reconnaissance de leur travail et un meilleur partage des bénéfices annoncés. » Le responsable syndical reconnaît cependant que le socle initial de propositions consenties par l’AFB (relèvement de 3 % à 5 % de la garantie salariale individuelle et hausse de 3,5 % des minima de branche) va « dans le bon sens ».

Cet “effort” de l’AFB en direction des bas salaires est loin d’être isolé. Mi-octobre déjà, chez BNP Paribas, la première banque à avoir ouvert des négociations, direction et syndicats se sont accordés sur le principe d’une segmentation des salaires. L’accord signé prévoit ainsi une augmentation de 500 euros annuels brut pour les personnes ayant un salaire annuel inférieur à 30 000 euros, et de 450 euros pour les salaires compris entre 30 000 euros et 75 000 euros. Idem chez Groupama, où les plus bas salaires (un peu plus de 1 700 personnes sur les 18 000 que compte le groupe) bénéficieront d’une augmentation de 2 % contre 1 % pour les autres, plafonnée à 250 euros.

Budget d’augmentation non différencié

« Les entreprises ont peut-être peu de grains à moudre, mais elles sont conscientes des efforts à faire en matière de cohérence et d’équité, explique Armelle Prokop, consultante senior chez Towers Watson. On ne voit désormais quasiment plus de budget d’augmentation différencié en faveur des cadres, alors que c’était monnaie courante il y a encore cinq ou six ans. Cette tendance, notable et qui devrait encore s’amplifier, n’empêche en rien l’individualisation des salaires, qui a encore de beaux jours devant elle. Mais si individualisation il y a, elle ne doit jamais paraître aléatoire. D’où des efforts de pédagogie à consentir pour expliquer ces différences. »

Auteur

  • AURORE DOHY