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Enquête

Un pacte pour l’emploi réussi

Enquête | publié le : 30.11.2010 | MARION LEO

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Un pacte pour l’emploi réussi

Crédit photo MARION LEO

Au printemps 2009, les salariés de Daimler ont accepté d’importantes concessions pour passer la crise. En échange, ils ont obtenu une garantie de l’emploi jusqu’en juin 2010. Couronné de succès, cet accord n’est qu’un exemple parmi les différents pactes pour l’emploi conclus en Allemagne.

Le 1<sup>er</sup avril 2009, le DRH du groupe Daimler annonce la mauvaise nouvelle : frappée par la crise, la marque propriétaire de Mercedes entend réduire de 2 milliards d’euros ses coûts du personnel en 2009. Il ajoute une menace à peine voilée : les salariés sont certes protégés contre tout licenciement pour motif économique jusqu’en 2012 par un pacte pour l’emploi, conclu en 2004, mais si la crise perdure, « une telle mesure ne peut être exclue ». L’ampleur de la crise ne laisse aux salariés aucun choix. « Il fallait tirer le frein de secours », se souvient aujourd’hui Silke Ernst, porte-parole du CE central de Daimler. Ce dernier décide alors de faire du maintien de l’emploi sa priorité, mais pose des conditions. L’accord doit être « provisoire » et « équitable ».

Réductions de salaires et primes gelées

Le 28 avril, la direction et le CE central signent sur ces bases un accord de réduction des coûts : il prévoit une réduction de 8,75 % du temps de travail avec baisse équivalente des salaires, pour tous les salariés qui ne sont pas en chômage partiel. L’augmentation salariale de 2,1 %, qui devait être versée au 1er mai, est reportée au 1er octobre. Enfin, la prime de participation de 1 900 euros, que chaque salarié aurait dû toucher en avril, est gelée, et les salaires fixes des cadres dirigeants sont réduits de 15 %.

En contrepartie, l’ensemble des salariés de Daimler en Allemagne obtient une garantie de l’emploi jusqu’au 30 juin 2010. Jusqu’alors, seuls les salariés présents chez Daimler au moment de la conclusion du pacte pour l’emploi en 2004 étaient protégés contre tout licenciement jusqu’en 2012, au contraire des 16 000 personnes embauchées depuis.

Pour les salariés, l’addition est salée, mais le sentiment de soulagement prédomine. « Ils avaient très peur de l’avenir », confie Silke Ernst, du CE central, qui dresse un bilan positif de l’accord : « Nous avons atteint notre objectif principal : maintenir nos effectifs de base en dépit de la crise. »

Aujourd’hui, toutes les concessions sont supprimées. Depuis le 30 juin, les 16 000 salariés embauchés après 2004 ne sont certes plus protégés contre les licenciements, mais « cette préoccupation n’est plus du tout d’actualité, précise la syndicaliste. Les sujets qui dominent à présent sont l’allongement du temps de travail, le travail le samedi… ».

Un accord sans contrepartie des salariés

A Sindelfingen, la plus grosse usine du groupe, la peur de perdre son emploi a également disparu. En décembre 2009, les salariés avaient participé à d’immenses manifestations pour protester contre la délocalisation annoncée en 2014 de la production de la Mercedes Classe C vers Brême et Tuscaloosa, aux Etats-Unis. La direction a maintenu sa décision, mais a offert la sécurité de l’emploi jusqu’en 2020 aux 37 000 salariés de l’usine, en y transférant la production des coupés de luxe SLK et le montage de moteurs hybrides. « Cet accord est d’une tout autre qualité que les précédents, car il ne prévoit aucune contrepartie de la part des salariés », assure Silke Ernst. Le départ de la Classe C, qui représente un tiers des ventes de la marque, représente pourtant une concession de taille…

DAIMLER

• Activité : construction automobile.

• Effectifs : 256 407 salariés (au 31 décembre 2009).

• Chiffre d’affaires : 78,9 milliards d’euros (2009).

Sécurité de l’emploi sans contrepartie salariale chez Siemens

→ A l’exemple de Daimler, nombreuses sont les grandes entreprises allemandes, comme VW ou Bayer, à avoir conclu avec leur CE des accords prévoyant des concessions de la part des salariés en échange de garanties de l’emploi limitées dans le temps. Ces outils sont particulièrement prisés en période de crise. Mais le 22 septembre, la direction du groupe Siemens et le syndicat IG Metall créaient la surprise en annonçant la signature d’un pacte pour l’emploi inédit, valable pour les 128 000 salariés allemands du groupe. D’une part, cet accord est « illimité ». Plus précisément, il est reconduit d’une manière tacite tous les deux ans. Il garantit qu’aucun licenciement ni fermeture de site outre-Rhin ne pourront avoir lieu sans l’accord du CE central. D’autre part, il n’exige aucune contrepartie de la part des salariés.

→ Selon les experts, il vise à améliorer l’image de marque du groupe dans un contexte marqué par une forte pénurie d’ingénieurs.

Auteur

  • MARION LEO