Gerassimos et Alexis Zorbas, éditions Larcier, 530 pages, 75 euros.

Marie-France Hirigoyen, dans son livre Le Harcèlement moral (La Découverte), proposait pour la première fois en 1998 ce concept pour expliquer la violence perverse au quotidien et, notamment, au travail. Le livre comme le concept ont connu depuis un remarquable succès, et les plaintes devant les tribunaux pour ce motif n’ont pas cessé de se multiplier. Pourtant, le terme de harcèlement est un idiome un peu fourre-tout : conditions de travail sous pression, atteintes physiques ou morales, mises au placard, persécutions sur le lieu de travail et dans la vie privée.

Autre difficulté, ce concept, qui a eu l’immense intérêt de « mettre un mot sur des maux », ne permet pas vraiment de faire la différence entre ce qui relève de la dérive individuelle et de l’organisation du travail elle-même, qui, dans un certain nombre de cas, peut favoriser les dérapages quand la pression devient trop forte.

Gerassimos Zorbas, ancien fonctionnaire européen et maître de conférences à l’université de Louvain, et Alexis Zorbas, psychologue, tentent de faire se rejoindre l’approche psychologique, qui constate les ravages de certaines pratiques de management, et les catégories utilisées par la justice. Leur objectif est de mieux définir les réalités en cause pour favoriser la prise en compte par la société et les tribunaux d’un problème qui, aujourd’hui, reste encore difficile à appréhender. Un ouvrage qui ne manquera pas d’intéresser les DRH, qui ne peuvent plus fermer les yeux sur les agissements dans l’entreprise, sauf à prendre le risque d’être complices pour ne pas les avoir dénoncés.