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Les pratiques

EspagneLe travail de nuit flexible, vieille histoire à PSA Vigo

Les pratiques | publié le : 09.11.2010 | VALÉRIE DEMON, À MADRID

Alors que PSA Peugeot Citroën commence à mettre en œuvre son accord de flexibilisation du travail de nuit en France, le texte dont il s’inspire a produit ses effets pendant près de treize ans sur son site de Vigo. Les syndicats locaux veulent d’ailleurs en réactiver certaines clauses.

L’accord du 8 septembre 2010 sur la flexibilisation du temps de travail pour les postes de nuit chez PSA Peugeot Citroën a un grand frère espagnol. Le groupe ne s’en est pas caché, il s’inspire d’un accord vieux de treize ans, en vigueur dans l’usine de PSA à Vigo, dans la région de la Galice, en Espagne. Ce texte répondait à l’époque à des difficultés liées au surcroît de production. La situation sur ce site préfigure sans doute en partie celle à venir des ouvriers de nuit de PSA en France.

« Les syndicats réclamaient des équipes de nuit pour éviter de devoir travailler le samedi ou le dimanche », explique Pedro Comesaña, secrétaire général du syndicat Commissions Ouvrières, à Vigo.

Accroissement des commandes

A l’époque, l’usine de Vigo était devenue le centre exclusif pour la fabrication de la Berlingo. L’accord établit donc l’exercice du travail de nuit, pouvant durer de quatre heures minimum à huit heures maximum, entre 22 h 00 et 6 h 00 du matin, horaire limite déjà fixé par la convention collective de branche. Ces équipes de nuit sont formées de nouveaux salariés embauchés en CDD. L’usine de Vigo, qui compte deux lignes de fabrication (l’une pour la Berlingo et l’autre pour la Xsara Picasso), consacrait une seule ligne au travail de nuit. L’accroissement de la demande a permis d’activer les deux lignes pour les équipes nocturnes. Cet accord a ainsi fonctionné à plein régime, puisqu’entre 1997 et 2007, la fabrication de véhicules est passée de 339 000 à 547 000 par an au maximum. « Avec la crise qui a frappé à partir du second semestre 2008, la production a diminué de 440 000 par an en 2008 à 378 000 en 2009 », rappelle Pedro Comesaña.

Le syndicat Commissions Ouvrières calcule qu’avec les deux lignes de production de nuit, près de 2 500 personnes ont pu être embauchées depuis 1997. Pedro Comesaña est lui-même arrivé chez PSA grâce à cet accord (il a ainsi travaillé de nuit entre 1999 et 2003.) Il a ensuite bénéficié des aménagements de l’accord.

CDD transformés en CDI

A chaque renouvellement de l’accord (tous les quatre ans), une partie des CDD était transformée en CDI. Entre 2005 et 2008, près de 1 100 salariés (de jour et de nuit) sont ainsi passés en CDI. Entre 2008 et 2011, ils sont 1 000 à en bénéficier. L’accord prévoyait également de faire passer les CDD les plus anciens travaillant au poste de nuit aux places de jour. Mais cette possibilité est bloquée depuis le début de la crise.

Jusqu’à décembre 2008, l’usine de Vigo proposait qu’un salarié travaillant de nuit puisse occuper un poste de jour en remplacement d’un salarié en retraite progressive. Concrètement, à 60 ans, un salarié pouvait travailler 15 % de son temps habituel (soit 33 jours par an), les 85 % restants étant réalisés par l’ex-travailleur de nuit. « Nous tentons de négocier avec la direction pour qu’elle active à nouveau ce plan ; la production est repartie à la hausse avec au moins 400 000 véhicules pour 2010. Certains travaillent aujourd’hui de nuit le dimanche, ce qui signifie que l’activité reprend », estime Pedro Comesaña.

Auteur

  • VALÉRIE DEMON, À MADRID