Yann Kerlau, éditions Perrin, 470 pages, 23 euros.
L’histoire des entreprises du luxe a souvent un air de conte de fée. Comment un petit paysan de Sicile (Ferragamo) devient le chausseur le plus réputé du monde ou comment Louis Vuitton, fils de meunier, quitte son Jura natal pour venir faire fortune à Paris… ? Voilà des exemples qui continueront de faire rêver tous ceux pour qui la route n’a jamais abouti à de semblables résultats. Mais le luxe n’est pas qu’une suite de success stories à l’eau de rose, c’est surtout un secteur productif des plus lucratifs, qui fait vivre des millions de personnes sur la planète.
Le fait que Yann Kerlau, ex-cadre de sociétés de luxe, prenne ses exemples dans plusieurs pays permet de mieux se représenter le potentiel économique du luxe pour la France. L’auteur a choisi sept dynasties parmi les plus célèbres, dont il raconte la naissance des marques, l’histoire des créateurs et le passage au marché mondial des affaires. Hormis quelques sociétés restées dans le giron familial, la plupart sont devenues des entreprises capitalistiques. S’il est une seule leçon à tirer de l’histoire de ces sept marques mythiques, c’est l’extraordinaire puissance d’une économie fondée sur le pur désir. Les hommes peuvent faillir et ne pas se montrer à la hauteur d’un secteur où l’excellence est un must et où le génie est un ingrédient incontournable, l’impulsion demeure. Le secteur du luxe - pas forcément sous telle ou telle marque mais bien l’image de marque du prestige incarnée par les noms célèbres - traverse toutes les crises et toutes les dépressions. C’est même quelquefois le seul secteur qui sort dynamisé des récessions, dans la mesure où il continue d’incarner la transcendance du beau sur la pure nécessité.
Yann Kerlau a été directeur juridique chez YSL Beauté, puis directeur général de l’entité cosmétiques et parfums du groupe Gucci.
