Garder au travail les salariés jusqu’à 62 ans : le pari est risqué ! Car il est notoire que le taux d’emploi des seniors en France est faible. Bien que les dispositifs de cessation anticipée d’activité soient désormais taxés, les entreprises continuent à pousser leurs seniors vers la sortie : plans de départs volontaires comportant des mesures d’âge et, plus récemment, ruptures conventionnelles. Et ce souvent avec les consentements des salariés âgés et des syndicats. Car l’autre spécificité du travail en France est l’usure physique et morale prématurée des salariés. L’activité s’intensifiant en effet pour les 30-50 ans, ils s’épuisent tôt et espèrent partir vite.

Comment, dans ces conditions, les DRH vont-ils gérer l’allongement de la vie professionnelle ? Les quinquagénaires ont certes intégré l’idée qu’ils devraient travailler plus longtemps pour bénéficier d’une retraite à taux plein, mais en l’absence de formations et de promotions, ils sont très démotivés. Et cela n’est pas près de changer. Alors que les entreprises pouvaient s’emparer des nouvelles obligations pour négocier sur l’emploi des seniors, elles se sont souvent contentées de plans d’actions sans ambition. Autres difficultés à gérer : l’impatience des quadras, dont l’évolution de carrière dépendra du départ des aînés, et celle des jeunes, qui attendront encore un peu plus longtemps avant d’accéder au premier emploi. Le vrai chantier de la réforme des retraites ne fait que commencer.