Annie Jolivet, Problèmes politiques et sociaux n° 973-974, La Documentation française, 180 pages, 12 euros.

La plupart des pays développés, comme la France actuellement, ont choisi de repousser l’âge de départ à la retraite. Une solution simple qui n’épuise pas un problème complexe, prévient Annie Jolivet, chercheuse à l’Ires. Certes, l’espérance de vie est en constante augmentation, mais elle varie selon les catégories de travailleurs, ainsi que l’espérance de vie en bonne santé. Augmenter la durée de vie active, à l’heure où nombre de jeunes n’arrivent pas à s’insérer dans l’emploi et où beaucoup de seniors ne parviennent pas à y demeurer, peut sembler un vœu pieux plutôt qu’un projet de société réaliste. Repousser l’âge de la retraite conduit à s’interroger sur ce que signifie le travail. Les femmes, qui en pâtiront au premier chef, sont, en fait, la partie de la population qui assume aussi l’essentiel des tâches domestiques et des soins aux vieillards. Ce sont manifestement elles qui travaillent le plus. Le secteur associatif, essentiel à la cohésion sociale, repose pour sa part en grande partie sur la contribution des seniors, qui pour n’être pas rétribués travaillent cependant bel et bien.

Par ailleurs, envisager de prolonger la vie professionnelle oblige à s’interroger sur les modalités d’emploi des seniors et leur impact sur les autres actifs. L’entreprise est confrontée à la question de la réorganisation du travail pour faire leur place aux seniors. Au-delà de l’affrontement des tenants et des opposants de la réforme, le débat sur l’âge de départ ne fait que commencer.