Lycéens et étudiants ne se soucient sans doute pas vraiment de l’âge de leur départ en retraite ni du montant de leur future pension. En revanche, ils sont inquiets pour leur avenir proche. Les possibilités d’accès à l’emploi conditionnent leur projection dans une future vie d’adulte : “Quand serons-nous autonomes pour nous loger, fonder une famille, avoir des loisirs… alors que nos revenus risquent d’être longtemps irréguliers ?”

Se mobiliser avec les adultes pour s’opposer à la réforme des retraites a été pour eux l’occasion d’exprimer cette appréhension vis-à-vis du monde du travail, dont leur première approche est celle vécue et racontée par leurs propres parents. Or ces derniers temps, les conditions de travail de ceux-ci se sont quelque peu dégradées. Et les jeunes savent déjà ce que représente le fait d’être licencié à 50 ans, de travailler dans le stress ou la fatigue, de ne pas être reconnu. « Je ne veux pas mourir au travail ! », scandait un jeune manifestant.

Les recruteurs se trouvent donc confrontés à de jeunes candidats souvent méfiants, qui ne sont pas prêts à toutes les concessions. A la décharge de ces derniers, les exigences de l’employeur, qui préfère recruter des jeunes expérimentés plutôt que des débutants à former, n’arrangent rien. Au-delà d’éventuels nouveaux dispositifs d’insertion, ceux qui se pencheront bientôt sur l’emploi des jeunes devront aussi imaginer comment rétablir l’image dégradée d’un monde du travail jugé peu ouvert aux nouveaux entrants.