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Les pratiques

Retour à la case départ pour le PSE de Lejaby

Les pratiques | Retour sur… | publié le : 26.10.2010 | LAURENT POILLOT

Le conflit social entamé en avril dernier avait débouché sur deux semaines de blocage du siège et une sortie de crise avec une médiation du directeur régional du travail. Le TGI de Lyon a annulé le PSE, sur fond de démêlés judiciaires entre l’ancien et l’actuel propriétaires de l’entreprise.

Les salariées de Lejaby (groupe Palmers Textil) viennent d’obtenir un sursis. En annulant le plan social prévoyant 193 suppressions de postes et la fermeture de trois des cinq sites français, le TGI de Lyon a compromis les départs annoncés pour la mi-novembre. Mardi 19 octobre, le tribunal a estimé que le litige opposant l’autrichien Palmers à l’ancien détenteur de Lejaby, le groupe américain Warnaco, sur la valeur d’achat de l’entreprise (45 millions d’euros), aurait dû être porté à la connaissance du CCE. La direction, qui avait déjà indiqué qu’elle relancerait un autre PSE, compte faire appel.

Jugement exécutoire

« Parce que le jugement est exécutoire, cette décision change la donne, commente Nicole Mendez, déléguée centrale CFDT. Mais les filles vivent depuis plusieurs semaines avec l’idée que leur emploi sera supprimé. Auront-elles l’énergie pour se remobiliser ? » Depuis le 1er avril, ce PSE donne du fil à retordre aux représentants de salariés. Courant juin, les syndicats (CFDT, CGT, FO), ayant appris par l’AFP les démêlés judiciaires entre Palmers et Warnaco, avaient une première fois attaqué l’entreprise, considérant que Lejaby ne pouvait pas lancer de PSE quand, dans le même temps, le groupe repreneur demandait l’annulation de la vente. Cette première stratégie de procédure avait été infructueuse : le TGI de Lyon les avait déboutés le 12 juillet.

Le bras de fer reprend en septembre : les syndicats renouvellent leurs revendications. Les mêmes qu’ils défendront à nouveau. A savoir, préserver l’atelier de Bourg-en-Bresse (Ain) en y transférant des personnels de celui de Bellegarde-sur-Valserine, à une heure de route. Et différer de deux ans l’application du plan, le temps de mettre en œuvre des départs volontaires et d’aménager un dispositif de préretraite identique à celui du PSE de 2003 (250 emplois supprimés). La direction n’avait pas donné suite. « Faute d’accord, les filles ont pris peur d’être “coupées” de leur lieu de travail, poursuit la syndicaliste. C’est ce qui a provoqué le blocage du siège et les revendications sur la prime supralégale. » Dès le 16 septembre, une cinquantaine d’ouvrières campent devant le siège. Le blocage durera deux semaines. Il ne sera finalement levé qu’après la médiation du directeur régional du travail (Direccte Rhône-Alpes), Michel Delarbre.

Sortie de crise

« Les discussions n’ont pas été interrompues durant l’occupation du site, souligne Michel Delarbre. J’ai eu le rôle du “go between” entre les deux parties, qui ont constaté leur désaccord sur la pertinence des licenciements, mais sont globalement arrivées à un compromis. » La sortie de crise a été obtenue dans la nuit du 29 septembre, après six heures de réunion, en alternant les rencontres – avec la direction et les syndicats et leurs unions régionales – et les temps d’échanges communs.

« Je maintiens qu’il y a eu du dialogue et de l’écoute dans cette histoire, affirme le DRH, Eric Talbot. Dès le mois de juillet, nous avions constitué deux commissions avec les représentants du personnel, l’une sur le reclassement et la mobilité internes, l’autre sur les reclassements externes, pour permettre une relecture du plan social et négocier chaque mesure, avant d’en faire une restitution devant le CCE. Nous avons pu continuer d’avancer malgré ces deux semaines difficiles. »

Le coût global du plan dans sa version initiale s’élève à 10 millions d’euros, selon la CFDT. S’il est maintenu, il visera 38 reclassements internes, dont 34 à Rillieux-la-Pape, où seront fabriqués les prototypes. Plusieurs mesures d’accompagnement avaient été programmées. Entre autres, une prime de 10 000 euros brut pour aider le salarié à s’installer, l’accompagnement du conjoint à la recherche d’emploi durant douze mois, ainsi que la prise en charge d’un double loyer, jusqu’à six mois. Un système de navette avait même été imaginé pour les salariées venant de Bourg-en-Bresse à Rillieux-la-Pape.

Reclassement

Pour les personnes licenciées, le plan de formation avait été porté à 250 000 euros. Les congés de reclassement, de neuf mois, devaient être indemnisés à 90 % du salaire net. Le cabinet Arcade attendra d’animer les reclassements. Recommandé par les représentants de salariés, il s’est engagé à fournir trois offres valables de contrats, et un accompagnement de douze mois, voire plus, si les trois offres n’ont pas été proposées.

Reste à savoir quand ces mesures prendront effet. Ironie de l’histoire : lundi 18 octobre, à la veille de la décision de justice, syndicats et direction se sont réunis avec les représentants régionaux de Pôle emploi, de la Direccte et du conseil régional pour discuter de la meilleure façon de financer les reconversions.

Auteur

  • LAURENT POILLOT