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Pôle emploi investit dans la relation aux entreprises

Les pratiques | publié le : 19.10.2010 | MARIETTE KAMMERER

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Pôle emploi investit dans la relation aux entreprises

Crédit photo MARIETTE KAMMERER

Numéro de téléphone dédié, club RH, nouvelles équipes de prospection… Depuis le début de l’année, Pôle emploi multiplie les initiatives pour se rapprocher des entreprises et mieux capter leurs besoins.

Passer de 3 millions à 3,7 millions d’offres d’emploi collectées d’ici à 2011 : c’est l’objectif que s’est fixé Pôle emploi. « Après avoir concentré nos efforts sur l’accueil des demandeurs d’emploi en 2009 dans un contexte de crise, nous souhaitons désormais développer nos offres de services en direction des entreprises et devenir un partenaire incontournable », indique Bruno Lucas, directeur général adjoint en charge des clients, services et partenariats. Cette nouvelle politique s’est traduite notamment par la création d’un numéro de téléphone unique destiné aux entreprises, la mise en place d’équipes de prospection dans chaque région et, plus récemment, par la création d’un club RH.

« Créé en juin 2010, c’est un moyen d’améliorer notre image et d’être à l’écoute des DRH pour faire évoluer nos offres de services en tenant compte de leurs attentes », explique Françoise Mourier, directrice adjointe du marketing. Les ateliers se déroulent sur une matinée, avec une trentaine de DRH, autour de sujets d’actualité.

Atelier RH

Le premier thème, en juin, concernait la gestion RH pendant la crise, le deuxième, en juillet, portait sur les seniors, et le prochain sera consacré à l’insertion des jeunes. « Chaque atelier commence par une présentation d’un expert qui éclaire le débat. Par exemple, nous avons invité l’économiste Bernard Gazier, puis une entreprise présente son expérience et les solutions qu’elle a mises en place, rapporte Françoise Mourier. Ensuite les DRH échangent, et nous font part de leurs attentes vis-à-vis de Pôle emploi. »

Ainsi, plusieurs participants souhaiteraient un meilleur accompagnement des mobilités inter et intra-entreprises sur les territoires : « Pôle emploi pourrait utiliser davantage sa connaissance du tissu économique local pour mettre en relation les entreprises qui licencient et celles qui embauchent, propose Luc Negri, DRH de Courtepaille, cette intervention en amont éviterait aux salariés un passage par la case chômage. »

Le club RH compte déjà 80 adhérents, recrutés parmi les grandes entreprises créatrices d’emploi et ayant une politique RH au niveau national. D’autres clubs RH se créent en région pour les entreprises locales. Les premiers retours sont positifs : « Cette initiative est excellente ; il est vrai que Pôle emploi n’a pas une bonne image mais j’ai été séduit par la qualité des interventions et des débats, rapporte Jean-Paul Fauré, DRH d’Air Liquide. La diversité des participants, issus de tous les secteurs d’activité, permet des échanges très enrichissants. »

Cabinets spécialisés

En tant que DRH du siège, recrutant essentiellement des cadres et ingénieurs, Jean-Paul Fauré reconnaît toutefois qu’il travaille peu avec l’organisme public : « Nous faisons appel à des cabinets spécialisés sur nos métiers, qui connaissent nos besoins, nos habitudes, et ont des viviers extraordinaires sur des profils très pointus, précise-t-il. En revanche, je vais encourager les DRH de région, qui recrutent des profils plus variés, à se rapprocher de Pôle emploi. »

La relation avec les entreprises fait partie du travail des conseillers de Pôle emploi, censés y consacrer un jour par semaine. « Chaque conseiller gère un portefeuille d’entreprises clientes. Il doit aussi démarcher celles qui n’ont pas fait appel à nous, et les convaincre d’utiliser nos services », explique Emmanuelle Nahmias, responsable d’une équipe de conseillers dans une agence de Marseille.

Pour relayer le travail de prospection des conseillers, débordés l’année dernière par l’afflux de demandeurs d’emploi, la direction de Pôle emploi a créé dans la plupart des régions des équipes entièrement dédiées à cette activité. Nathalie Sanchez est “chargée d’affaires grands comptes” en Paca, dans une équipe de trois personnes. Celle-ci a pour mission de contacter les groupes qui ont signé un accord national avec Pôle emploi afin de le décliner au niveau régional. Elle rencontre également les entreprises stratégiques dans la région pour leur proposer une convention de partenariat : « Notre objectif est de restaurer l’image et la crédibilité de Pôle emploi, fidéliser nos clients, augmenter notre part de marché et convaincre qu’on peut apporter une gamme de services complète. »

La direction va mettre en place un nouvel outil permettant de “rationaliser” la prospection : un fichier d’entreprises classé en plusieurs catégories, avec une offre de services correspondant à chaque catégorie. « Avec la fusion, une nouvelle culture de l’entreprise se développe au sein de Pôle emploi, ajoute Nathalie Sanchez. On nous demande d’être présents sur le terrain et d’avoir une démarche proactive. »

Numéro d’appel unique

Pour faciliter le dépôt d’offres d’emploi, Pôle emploi a également créé un numéro d’appel, le 39 95, fonctionnant comme une plate-forme téléphonique. Les entreprises peuvent déposer une offre en vingt minutes et obtenir un renseignement sur les aides à l’embauche, les contrats aidés, etc. « Les conseillers sur les plates-formes répondent à 80 % des questions, et pour les 20 % de questions plus techniques, ils renvoient sur un conseiller en agence », indique Bruno Lucas, directeur général adjoint.

Recrutement de téléconseillers

En tout, une centaine de téléconseillers répondent aux appels. « Chaque région a procédé à des recrutements de conseillers en interne dans les agences, et parfois à l’externe, accompagnés d’une formation », ajoute Bruno Lucas. Ce nouveau système ne convainc pourtant pas la CGT : « Dans la Loire, les effectifs de la plate-forme de services ont doublé, mais il y a beaucoup de salariés en CDD qui ont reçu une formation très courte ne leur permettant de délivrer que des informations de premier niveau », rapporte un communiqué. « Cette façon de segmenter les métiers, avec quelques personnes spécialisées dans la relation aux entreprise correspond à une déqualification pour les autres, ajoute Rubens Bardaji, délégué syndical central CGT. Pour bien répondre aux entreprises, il faut du personnel qualifié ayant une vision d’ensemble approfondie des métiers, des secteurs d’activité, des postes de travail et des qualifications. »

Pour Sandrine Margueres, responsable du recrutement chez Medica France, « le 39 95 peut servir aux entreprises qui n’ont pas encore de contact avec Pôle emploi. Pour ma part, je préfère avoir une relation personnalisée avec un conseiller qui connaît mes besoins et m’aide à monter des opérations de recrutement ». Aurélie Satta, responsable du recrutement à La Figolette, une entreprise de garde d’enfants, n’a pas non plus testé le 39 95, lui préférant le service de dépôt d’offres en ligne, jugé « très rapide ».

Malgré ce peu d’enthousiasme, la direction de Pôle emploi se montre satisfaite du bilan du 39 95 : « 220 000 appels reçus et 40 000 offres recueillies depuis le 29 mars, avec une montée en puissance du nombre d’appels, cela montre qu’il y avait un réel besoin », estime Bruno Lucas.

L’essentiel

1 Pour mieux capter les offres d’emploi disponibles sur le marché, Pôle emploi veut devenir un partenaire incontournable des entreprises.

2 Cela représente un changement de culture pour les équipes, qui multiplient les initiatives comme la création d’un club de réflexion pour les DRH.

3 Un numéro de téléphone dédié aux entreprises est en service depuis le mois de mars, mais les syndicats pointent la faiblesse des moyens qui y sont associés.

Auteur

  • MARIETTE KAMMERER