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Enquête

Un plan d’action contre les risques psychosociaux

Enquête | publié le : 19.10.2010 | MARIETTE KAMMERER

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Un plan d’action contre les risques psychosociaux

Crédit photo MARIETTE KAMMERER

Le CHSCT de la banque a joué un rôle moteur dans la mise en place d’une démarche de prévention du stress et de la violence au travail, qui a abouti cette année à un accord collectif sur le sujet.

La Caisse d’épargne Languedoc-Roussillon s’est lancée depuis début 2009 dans une démarche innovante de prévention des risques psychosociaux, dans laquelle le CHSCT a joué un rôle essentiel. « Il y a trois ans, j’ai interpellé la direction sur le malaise des salariés, indique Anne Votovic, secrétaire du CHSCT ; les IRP et le médecin du travail étaient témoins des tensions croissantes vécues par le personnel. » Cette évolution, liée à une mutation de la profession bancaire et à l’agressivité de la clientèle, n’avait pas échappé à la direction : « J’étais conscient d’une dégradation globale du climat et d’une plus grande fragilité chez nos salariés, dans laquelle le management avait aussi un rôle important à jouer, note Pierre Aïtelli, directeur en charge du pôle RH, et j’ai aussi voulu intégrer le bien-être des collaborateurs. »

La prévention des risques psychosociaux est alors devenue une priorité, et un comité de pilotage a été créé, composé de représentants du CHSCT, du CE, des directions RH, commerciale, et de la qualité, du médecin du travail et du psychologue. « Il a d’abord fallu mettre tout le monde d’accord sur la démarche, car DRH et direction commerciale n’ont pas forcément les mêmes intérêts », indique Anne Votovic.

Début 2009, le comité de pilotage a mandaté l’Aract(1) pour réaliser un diagnostic sur les facteurs de stress. Pendant plus de six mois, les experts de l’Aract ont observé les situations de travail et entendu les salariés, notamment les plus exposés : seniors, postes d’accueil et responsables d’agence. « L’Aract nous a outillés et accompagnés dans nos réflexions, indique la secrétaire du CHSCT, psychosociologue de formation et intéressée par le sujet depuis une dizaine d’années. Et son diagnostic nous a aidés à construire un plan d’action. »

Evolution des métiers

Le diagnostic finalisé en septembre 2009 pointe plusieurs sources de stress : le changement de contenu et d’organisation du travail, le contrôle, les horaires et le temps de travail, l’impact de la crise, la formation, la communication du management, les plans de carrière. « Auparavant, les salariés étaient des conseillers, aujourd’hui on leur demande d’être des vendeurs, précise Anne Votovic. Ils ne sont pas suffisamment formés sur des produits financiers de plus en plus complexes et, enfin, ils n’ont plus de prise sur l’organisation de leur travail, dont chaque tâche est rationalisée et contrôlée. » Le plan d’action élaboré par le comité de pilotage à partir de ces éléments a donné lieu à la signature d’un accord(2) le 30 avril 2010 entre la direction et trois syndicats sur quatre(3).

Six axes de travail

L’accord comprend six axes de travail. Certains sont déjà mis en œuvre, comme la cellule de veille et la publication d’un guide sur les risques psychosociaux destiné aux salariés. D’autres points de l’accord sont en cours de réalisation, dont un diagnostic concernant les fonctions support, et la formation pendant deux jours des 200 managers sur le thème des risques psychosociaux. « La formation du management est un point important, estime Pierre Aïtelli, car les managers sont parfois à mille lieues de cette problématique, or ils doivent faire évoluer leurs pratiques pour tenir compte de la dimension humaine. » L’accord fixe aussi comme objectif de simplifier la politique commerciale et de revoir l’organisation du travail des conseillers, un vaste chantier sur lequel le comité de pilotage négocie en ce moment : « Nous sommes en pleine discussion sur la manière de réintroduire du sens et de l’autonomie dans le travail, explique Anne Votovic. Par ailleurs, nous sommes d’accord pour simplifier l’offre de vente et pour tenir compte du contexte urbain et social dans la fixation des objectifs commerciaux des agences. »

La réussite de la démarche tient à la qualité du dialogue social, à la fréquence des échanges – quasi quotidiens – entre l’équipe RH et le CHSCT, et à un investissement conséquent de part et d’autre.

« Du côté des RH, il faut beaucoup de conviction, car il n’y a pas d’adhésion unanime du management, observe Pierre Aïtelli. Concernant le dialogue social, nous avons travaillé dans un climat de confiance et un esprit de coopération ; la secrétaire du CHSCT a joué un rôle essentiel dans cette démarche. » Même satisfaction de la part d’Anne Votovic : « Nous sommes arrivés à un très haut niveau de réflexion avec la DRH, il faut avoir une volonté commune d’avancer, en sachant que le sujet est complexe, sensible et qu’il n’y a pas de recette miracle. »

(1) Agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail.

(2) Accord sur la prévention des risques psychosociaux au sein de la Caisse d’épargne Languedoc Roussillon.

(3) SU (syndicat unifié)-Unsa, CFDT, CFTC.

CAISSE D’EPARGNE LANGUEDOC-ROUSSILLON

• Activité : banque.

• Effectif : 1 538 personnes.

• Chiffre d’affaires (produit net bancaire) 2009 : 268 millions d’euros.

Auteur

  • MARIETTE KAMMERER