L’instauration d’un vrai paritarisme constitue un revers pour le Medef, qui a toujours estimé que celui qui paie - l’employeur - devait aussi gérer. L’organisation patronale reste silencieuse sur la question. Mais elle mène, selon certains observateurs, un intense lobbying pour convaincre les sénateurs de revenir sur cette disposition. « On n’a pas encore gagné, estime Henri Forest, en charge de la santé au travail à la CFDT. Le Medef est d’accord pour donner une mission aux SST, mais il veut tout organiser, et gouverner entièrement le système. »
De leur cote, les representants des medecins du travail assenent les critiques les plus virulentes et affutent eux aussi leurs arguments pour inflechir le texte. Bernard Salengro, de la cfe-cgc, y voit un « transfert de pouvoir et de mission du medecin du travail a l’employeur ». Dominique Huez, president de l’association sante et medecine du travail (smt) deplore un « melange de deux objectifs : la gestion des risques, qui releve de l’employeur, et la prevention des alterations de la sante du fait du travail, qui est du domaine du medecin du travail. Melanger les deux objectifs revient a faire disparaitre la mission du medecin du travail ». Mireille Chevalier, du snpst (syndicat national des professionnels de la sante au travail), pointe quant a elle un « grave conflit d’interet » car, dans le texte, le directeur du sst est le « garant de l’independance du medecin du travail ». « C’est un retour en arriere colossal : on met le medecin du travail sous tutelle de l’entreprise », estime le senateur ps jean-pierre godefroy, qui demandera la suppression de cette disposition en seance.
