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Une offre de formation qui évolue

Enquête | publié le : 12.10.2010 | E. S.

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Une offre de formation qui évolue

Crédit photo E. S.

Pour accompagner le verdissement des emplois, les établissements de formation initiale et continue adaptent leurs contenus pédagogiques.

Pour Francis Thubé, directeur de l’Institut de formation et de recherche en éducation à l’environnement (Ifrée), le mouvement est lancé : « Les organismes de formation ont pris conscience qu’il fallait faire évoluer leur offre pour répondre aux nouvelles normes environnementales et à la demande des entreprises qui en découle. »

Certes, en formation initiale, le verdissement des cursus n’est pas neuf : entre 1997 et 2008, le nombre de diplômes dans l’environnement de niveau I a triplé, constate une étude du Commissariat général au développement durable du ministère de l’Ecologie.

« Faire le ménage »

Mais pas forcément à bon escient : « La médiatisation des problématiques environnementales a créé des vocations auprès des jeunes, et l’on a vu naître des myriades de formations aux intitulés sexy, type master Développement durable, constate David Ascher, fondateur du site emploi-environnement.com. Problème : ces formations ne correspondent à aucune réalité du marché, qui demande surtout des profils techniques et commerciaux. »

En 2007, l’insertion professionnelle des titulaires des diplômes supérieurs environnementaux s’avérait d’ailleurs plus difficile que celle des autres diplômés, d’après les statistiques du ministère, avec une période de chômage presque deux fois supérieure.

Du coup, les écoles et universités ont entrepris de « faire le ménage », poursuit David Ascher, qui constate une « moins mauvaise adéquation entre l’offre et la demande ». Aujourd’hui, il s’agit plutôt d’intégrer des modules spécifiques dans des formations standard. A l’école Chimie, physique et électronique (CPE) de Lyon, « des modules jusque-là optionnels, comme l’analyse des cycles de vie, seront intégrés dans le tronc commun des cursus d’ingénieurs en chimie et en électronique », indique Gérard Pignault, son directeur. En juin 2009, l’école a lancé une chaire développement durable financée par Dow Chemical.

Evolution des référentiels

Pour autant, « les CAP et brevets professionnels du bâtiment ne prennent pas suffisamment en compte la contrainte énergétique », juge Frédéric Thiou, responsable du développement de l’association des Compagnons du Devoir. En attendant l’évolution des référentiels de l’Education nationale, les Compagnons du Devoir ont donc enrichi leur offre de formation continue : « Nous avons créé une vingtaine de formations supplémentaires en 2009 portant sur l’écoconception des bâtiments. En 2010, nous en compterons dix de plus. Et nous lançons cette année un CQP solaire et photovoltaïque. Il faut dire que la demande sur les techniques de pose de panneaux photovoltaïques monte en flèche depuis un an : ces formations représentent 12 % de notre chiffre d’affaires. »

A l’Afpa, « deux tiers des parcours de formation ont été modifiés pour intégrer de nouvelles compétences liées à la prise en compte de l’environnement », indique Chantal Sartorio, directrice de projet au pôle innovation de l’association. Mais l’Afpa envisage, dans les trois ans à venir, d’aller plus loin : « Toutes nos formations auront des modules de sensibilisation à l’écocitoyenneté, et nous retravaillons en profondeur la conception pédagogique des parcours de 150 métiers du bâtiment, de l’industrie et de l’hôtellerie-restauration. »

Il s’agit en fait, non plus d’ajouter des modules verts à des parcours existants, mais bien de refondre les formations autour de ces « nouvelles situations d’apprentissage » et de préparer les stagiaires aux nouvelles méthodes de travail générées par le verdissement des métiers. « Pour construire un bâtiment basse consommation, les professionnels doivent prendre en compte l’intervention de tous les corps de métier », illustre Chantal Sartorio. Le tri des matériaux sur les espaces de formation devrait aussi être généralisé.

Eviter trois écueils

Chantier nécessaire, le verdissement de l’offre de formation n’est pas sans risques, remarque cependant Francis Thubé : « Il y a trois écueils possibles pour les organismes de formation qui s’y lancent : le greenwashing, qui consiste à donner une nuance verte à ses formations sans aller au fond des problématiques de développement durable ; le lancement de formations à tout prix innovantes, mais sans visibilité suffisante sur les besoins futurs, d’où le risque de mener vers des voies de garage. Enfin, une offre trop générale, en déconnexion avec les besoins du territoire. » L’exercice nécessite aussi de former les formateurs, qui doivent apprendre les gestes écoresponsables avant de les enseigner.

Auteur

  • E. S.