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« Les entreprises doivent passer à une GPEC à long terme »

Enquête | L’entretien avec | publié le : 12.10.2010 | PROPOS RECUEILLIS PAR ÉLODIE SARFATI

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« Les entreprises doivent passer à une GPEC à long terme »

Crédit photo PROPOS RECUEILLIS PAR ÉLODIE SARFATI

E & C : Quel impact l’évolution des normes et des contraintes environnementales aura-t-elle sur les filières industrielles ?

J. F. : En mettant en balance les risques et les opportunités liés à la contrainte carbone dans différents secteurs industriels, nous avons défini quatre typologies d’évolution* : certaines industries, comme la chimie ou le papier-carton, verront des emplois disparaître ; l’énergie – production d’électricité, transport de gaz, chauffage urbain – devrait connaître une croissance modérée de l’emploi, sous réserve d’incitations économiques favorables ; la production de biens d’équipements, recentrée sur les besoins environnementaux – industrie ferroviaire, éolien, énergie solaire… – bénéficierait d’une croissance de l’emploi.

Enfin, des incertitudes demeurent concernant le secteur automobile : il n’est pas certain que le développement de la motorisation alternative compense les suppressions d’emploi dans la filière thermique, surtout si l’on prend en compte les enjeux de localisation de la production.

E & C : Au global, le passage à une industrie décarbonée sera-t-il générateur ou destructeur d’emplois ?

J. F. : Les scénarios d’emplois sont contrastés. D’ici à 2015, les investissements découlant du Grenelle auront sans doute un effet positif et contracyclique bienvenu. Mais le soufflé risque de retomber, si le Grenelle n’est pas relayé par une politique industrielle capable de soutenir le développement de filières de production innovantes, respectueuses de l’environnement et compétitives.

Depuis vingt ans, nombre d’industries ont déjà fait des efforts – insuffisants au regard des enjeux actuels – pour réduire leurs rejets polluants. Elles sont maintenant face à un dilemme : délocaliser leur production dans les pays où les réglementations sont moins contraignantes, ou franchir un cap supplémentaire dans l’innovation technologique. Ce qui pose le problème du renouvellement des compétences, enjeu crucial pour maintenir des emplois.

Il faut donc que cette politique industrielle “relookée” s’articule avec une politique de formation ambitieuse.

E & C : Les entreprises intègrent-elles ces mutations dans leurs politiques de GPEC ?

J.F. : Cela dépend des secteurs. Ainsi, la Société nationale d’électricité et de thermique s’est engagée dans un plan de GPEC défensif pour accompagner le déclassement progressif de ses centrales à charbon et le développement des centrales à gaz. Mais le secteur de l’énergie est une filière semi-planifiée : c’est donc un terrain favorable à la mise en œuvre d’une GPEC répondant aux défis à long terme posés par les modes de production décarbonés.

Dans les autres filières, ce sera plus difficile car, en général, la GPEC reste calée sur les cycles courts de renouvellement des produits. Pour accompagner les évolutions induites par le Grenelle, les entreprises devront se projeter dans des perspectives plus lointaines d’adaptation des emplois et des compétences.

* “GPEC dans les secteurs de l’industrie et de l’énergie impactés par le Grenelle de l’environnement et l’évolution du système européen ETS d’échange des droits d’émission des gaz à effet de serre”, cabinets Alpha et Syndex, juin 2010

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