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Les pratiques

Royaume-UniLes syndicats britanniques s’inquiètent pour le droit de grève

Les pratiques | publié le : 05.10.2010 | STÉPHANIE SALTI

Les syndicats britanniques, en congrès en septembre, s’inquiètent d’un possible recul du droit de grève et soulignent l’utilisation croissante par les employeurs des lois Thatcher pour enrayer les mouvements sociaux.

Le Trades union congress (TUC), confédération des syndicats britanniques réuni pour son 142e congrès à Manchester mi-septembre, ne veut pas du « Royaume-Uni plus sombre et brutal » que risquerait de provoquer un tour de vis drastique sur les dépenses publiques, tel que l’annonce le gouvernement de coalition conservateur et libéral-démocrate. Face à l’hypothèse d’une vague de suppressions d’emplois, la confédération a d’ores et déjà fait savoir qu’elle œuvrerait en faveur d’une action coordonnée pour soutenir des mouvements de revendications. Mais elles craint aussi une limitation des marges de manœuvre syndicale par le pouvoir, préoccupation qui ressuscite le spectre des années Thatcher, Première ministre conservatrice qui, de 1980 à 1988, avait fait passer cinq lois limitant la forte influence des syndicats.

Au centre des thèmes abordés lors du Congrès, le TUC a ainsi vivement condamné « l’arsenal juridique » utilisé par les employeurs pour faire annuler des grèves et « l’intention des conservateurs de rendre ces lois encore plus draconiennes » depuis leur récente arrivée au pouvoir.

Situations de monopole syndical

Un rapport publié par le Policy Exchange, un cercle de réflexion proche du pouvoir britannique, remet ainsi en cause la validité du droit de grève tel qu’il est exercé actuellement outre-Manche : le rapport souligne les situations de monopole syndical dans certains lieux de travail, de même que la concentration des grèves dans le secteur public. Il dénonce aussi le soutien du contribuable aux syndicats, indirect mais très large, en avançant le chiffre de 78,5 millions de livres de financement depuis 1998.

Et le rapport préconise que la grève soit votée par un minimum de 40 % des travailleurs syndiqués pour être licite. Ses auteurs souhaitent aussi que les employeurs soient de nouveau autorisés à embaucher des intérimaires pour remplacer les grévistes, comme ils pouvaient le faire jusqu’en 2004.

Immédiatement salué par le CBI, la confédération patronale britannique, le rapport soulève l’indignation des syndicats, qui n’y voient rien moins qu’une « attaque directe contre les droits basiques sur le lieu de travail et une charte pour les mauvais patrons », selon le TUC. Brendan Barber, secrétaire général de la confédération syndicale, a espéré lors du congrès que le gouvernement ne prenne pas de décisions aussi radicales. D’autant que le droit de grève outre-Manche est déjà particulièrement encadré : les textes des années Thatcher n’ont jamais été abolis par le gouvernement travailliste pendant ses treize années de pouvoir. Pour appeler à la grève, un syndicat doit ainsi obtenir l’accord de ses adhérents lors d’un vote à bulletins secrets, suivant des procédures très strictes. Le tout devant être suivi du dépôt d’un préavis, également très codifié.

Suspensions de grève

Ces derniers mois ont d’ailleurs été marqués outre-Manche par des suspensions de grève, à l’image de ce qui s’est produit entre la compagnie aérienne britannique British Airways et le syndicat Unite représentant les intérêts des personnels navigants. Le transporteur avait fait interdire en décembre un arrêt de travail de son personnel navigant, pourtant approuvé à une majorité écrasante, en raison d’irrégularités dans l’organisation du vote. Quelques mois plus tard, c’est un vice de forme qui avait empêché un nouveau mouvement. Avant qu’une cour d’appel ne donne finalement raison à Unite.

Auteur

  • STÉPHANIE SALTI