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Les fournisseurs méritants “labellisés maison”

Enquête | publié le : 05.10.2010 | A. D.

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Les fournisseurs méritants “labellisés maison”

Crédit photo A. D.

En deux ans, le groupe nucléaire français a labellisé plus de 500 fournisseurs dans le monde, dont 80 % de PME.

Jusqu’à présent, les conditions générales de vente d’Areva proscrivaient à un fournisseur de faire état du contrat qui le liait au groupe français auprès d’autres clients, prospects ou banques. Pour peu que le fournisseur ait la chance de compter parmi les 500 partenaires nouvellement “labellisés” du groupe, l’interdiction est dorénavant levée. « Notre statut de leader du secteur nucléaire permet à nos fournisseurs labellisés de se prévaloir d’une solide référence, relève Augustin de Castet, le chef de projet “label fournisseurs” chez Areva. Nombreux sont ceux qui mentionnent désormais cette reconnaissance, notamment sur leurs plaquettes commerciales. »

La mise en place du processus de labellisation interne pour récompenser les fournisseurs méritants remonte à fin 2008, à l’initiative de la présidente du groupe.

« Dans un contexte de crise économique, Anne Lauvergeon a souhaité rendre palpable l’importance qu’Areva attache à son écosystème et valoriser les liens qui nous unissent à nos fournisseurs, souvent depuis de nombreuses années », précise Augustin de Castet.

Le processus de labellisation intervient sur proposition des entités locales du groupe, et repose sur une grille d’évaluation de 25 critères liés à la compétitivité (coûts, délais), à la qualité, au respect des valeurs de développement durable, à la prise en compte de la santé et de la sécurité. Entrent également en ligne de compte l’innovation et la participation à la croissance du groupe. Le fournisseur est évalué par la totalité des sites avec lesquels il travaille, ainsi que par les prescripteurs, les qualiticiens et les achats corporate. Toute note négative (sur une échelle de 0 à 6) ainsi qu’une moyenne générale jugée trop basse entraînent sa disqualification.

« Dimension partenariale »

Au cours de la campagne de labellisation 2009, 120 entreprises françaises, 160 américaines et 142 allemandes se sont vu remettre le label “fournisseur Areva”. Parmi elles, 80 % de PME. En 2010, 184 nouveaux fournisseurs, issus cette fois de toute l’Europe, sont venus grossir les rangs de cette première “promotion”.

Afin d’approfondir encore la « dimension partenariale » du projet, le groupe a choisi d’organiser un programme d’ateliers et de conférences animés par les directeurs et vice-présidents du groupe, à l’occasion de la dernière cérémonie de labellisation, le 15 juin dernier. Thématiques abordées : l’avenir de la filière, les grands projets du groupe, son approche environnementale, le développement des compétences ou encore la communication de crise. « L’objectif était d’apporter de la lisibilité sur la stratégie d’Areva et de permettre les rencontres et les échanges, hors de tout contexte de négociation, souligne Augustin de Castet. Les fournisseurs ne s’y sont pas trompés, ils sont venus en nombre ; 419 d’entre eux étaient présents, dont 70 venus spécialement d’Allemagne. »

Faire vivre son réseau

Le groupe, qui ne prévoit pas d’autre campagne massive de labellisation dans un avenir proche, entend désormais faire vivre son réseau, notamment en s’assurant que les critères retenus sont toujours respectés. Certains dossiers de délabellisation sont d’ores et déjà en cours.

Le label n’apporte en revanche aucune garantie en termes de durée de la relation contractuelle : alors qu’Areva a cédé, en juin dernier, son pôle transmission et distribution (Areva T&D) à Alstom et à Schneider Electric, les fournisseurs travaillant exclusivement pour la filiale ont également été délabellisés fissa.

Les contrats souscrits avec les fournisseurs labellisés représentent 600 millions d’euros, soit 13 % des 4,5 milliards d’achats réalisés par le groupe dans le monde. Ils induisent, en outre, près de 8 000 emplois.

La filière nucléaire plaide pour un “écosystème” de sous-traitants

« Notre centrale nucléaire, qui arrive à mi-vie, générera plus d’un milliard d’euros d’investissements au cours des quarante prochaines années. Pour les réaliser, nous avons besoin d’un écosystème de prestataires fiables, capables d’investir tant dans le matériel que dans l’innovation. Les critères de mieux-disance, notamment en matière d’investissement dans la compétence des salariés, peuvent représenter jusqu’à 20 % du marché », a assuré Stéphane Dupré La Tour, directeur de la centrale nucléaire de Cattenom (Moselle), à l’occasion d’une rencontre organisée le 23 septembre par le Medef Lorraine sur le thème “Sous-traitance industrielle : je t’aime, moi non plus”.

Dans le grand Est de la France, la filière nucléaire s’appuie sur le groupement des industriels de maintenance de l’est (GIM Est), un réseau de 60 entreprises intervenant sur les centrales EDF de Cattenom, Chooz (Ardennes) et Fessenheim (Haut-Rhin). Investis sur le long terme, les prestataires poussent le souci de la performance jusqu’à élaborer des programmes de GPEC communs pour sécuriser les recrutements dans les métiers les plus demandés.

Mais le risque zéro n’existe pas en matière de sous-traitance. Spécialiste de la pose d’échafaudages et des travaux de calorifugeage, l’entreprise Polinorsud, filiale d’Areva, a ainsi appris cet été la non-reconduction du contrat de maintenance qui la liait à la centrale de Cattenom depuis sa mise en service voici vingt ans. Le reclassement de 80 des 114 salariés concernés est en cours.

P. B.

AREVA

• Activité : énergie.

• Effectif : 48 000 salariés.

• Chiffre d’affaires 2009 : 8,5 milliards d’euros.

Auteur

  • A. D.