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Des donneurs d’ordre s’engagent sur leurs bonnes pratiques d’achat

Enquête | publié le : 05.10.2010 | A. D.

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Des donneurs d’ordre s’engagent sur leurs bonnes pratiques d’achat

Crédit photo A. D.

Près de 50 entreprises et opérateurs publics ont paraphé la charte initiée par la Compagnie des dirigeants et acheteurs de France et la médiation du crédit.

Déjà deux vagues de signatures depuis le mois de février et la Compagnie des dirigeants et acheteurs de France (Cdaf), à l’origine du texte avec la médiation du crédit, n’exclut pas d’en organiser bientôt une troisième. Président de la fédération professionnelle, Pierre Pelouzet se réjouit de l’accueil « extrêmement favorable qui a été réservé à la première charte intersectorielle de bonnes pratiques entre donneurs d’ordre et PME ». En tout, 49 entreprises et opérateurs publics parmi lesquels Areva, BNP Paribas, Danone, EADS, France Télécom, L’Oréal, Veolia, la SNCF, Total ainsi que le service des achats de l’Etat, le Medef, la CGPME ou encore l’ACFCI ont paraphé le texte, en deux tours, les 11 février et 28 juin derniers.

Difficultés de relation entre PME et grands clients

« L’étude des dossiers soumis à la médiation du crédit depuis sa création en novembre 2008 a révélé un certain nombre de difficultés dans la relation des PME avec leurs grands clients, donneurs d’ordre », précise le texte en préambule. La charte recommande notamment aux grands comptes de ne pas « déformer » l’esprit de la loi LME, qui a notamment réduit les délais de paiement, leur propose de « partager les coûts d’homologation et de qualification » avec leurs fournisseurs stratégiques et de « réduire les risques de dépendance réciproque entre donneurs d’ordre et fournisseurs ». Le désengagement éventuel devra notamment « être anticipé et progressif afin de tenir compte de l’ancienneté des relations avec l’entreprise et, le cas échéant, du degré de dépendance et des possibilités de se diversifier ou de s’adapter ».

Médiateur interne indépendant

Le texte prévoit également la mise en place d’un médiateur interne à chaque organisation, indépendant hiérarchiquement de la direction des achats pour avoir les coudées franches.

Directeur mondial des achats du groupe Danone, Philippe Bassin n’a pas hésité une seconde à parapher le texte : « Nos pratiques sont totalement en cohérence avec les préconisations, souligne-t-il. Il n’est cependant jamais superflu de disposer d’une telle charte à diffuser dans l’ensemble de son organisation dans un souci de pédagogie. » Depuis qu’Antoine Riboud, alors président du groupe, a déclaré en 1972 que la responsabilité de l’entreprise ne « s’arrêtait pas à la porte des usines », le groupe Danone entend exercer une vigilance particulière sur son écosystème, notamment ses fournisseurs. Dans cet esprit, les actionnaires ont voté la création d’un fonds doté de 100 millions d’euros, en avril 2009.

Egalement directeur général du Fonds Danone pour l’écosystème, Philippe Bassin précise que le renforcement de l’indépendance des fournisseurs du groupe est un des critères de décision de dotation. « De très nombreux producteurs de lait avec lesquels nous travaillons dans le monde ont Danone pour seule source de revenu, précise-t-il. Nous les encourageons à développer une activité additionnelle de type maraîchage, production de fourrage pour revente ou production d’œufs. »

Portefeuille de fournisseurs

Même état d’esprit chez L’Oréal. « Nous considérons qu’il existe un risque réciproque pour tout fournisseur qui réalise 30 % ou plus du chiffre d’affaires avec le groupe, explique Barbara Lavernos, directrice mondiale des achats. Nous l’incitons donc à rechercher d’autres partenaires auprès desquels nous sommes prêts à servir de recommandation. » Chaque acheteur du groupe de cosmétique est ainsi tenu de suivre, auprès de sources telles que les registres du commerce, l’évolution du chiffre d’affaires de son portefeuille de fournisseurs et la part représentée par l’Oréal.

Le dixième et dernier point de la charte concerne la rémunération des acheteurs, tenue d’« intégrer l’ensemble des principes d’achats responsables sur les plans économique, financier, environnemental et territorial » figurant dans le texte.

Pour Pierre Pelouzet, qui indique avoir souhaité l’inscription de cette mesure dans le texte en raison « d’un syndrome Kerviel » laissant croire que les acheteurs étaient rémunérés sur leurs aptitudes de “cost killer”, ce point ne présente cependant pas de difficulté majeure dans les entreprises. « Baser la rémunération d’un acheteur uniquement sur des critères économiques est contre-productif, souligne de son côté Barbara Lavernos. Cela devient absurde lorsque l’acheteur travaille sur un secteur tel que l’aluminium qui est soumis à des fluctuations de prix totalement indépendantes de sa volonté et du travail réalisé avec ses fournisseurs. »

Part variable à parts égales

Chez Danone, depuis 2007, la part variable des acheteurs est assise à parts égales sur les critères économiques, managériaux et de développement durable. Pour les observateurs de la profession, le sujet est cependant loin d’être clos. Un benchmark de l’Orse sur les politiques achat des multinationales, publié le 21 septembre, souligne ainsi que moins de 1 % des entreprises communiquent à ce jour sur les objectifs individuels RSE des acheteurs.

Auteur

  • A. D.