E & C : Vous avez présidé l’un des trois groupes de travail chargés de la rédaction de la norme ISO 26000 sur la responsabilité sociétale. En quoi consiste-t-elle ?
P. M. : La norme ISO 26000, qui sera disponible à partir du 1er novembre, présente des lignes directrices pour toutes les organisations qui veulent assumer l’impact de leurs décisions et en rendre compte.
Elle pose sept questions centrales relatives à la gouvernance, aux droits de l’homme, aux conditions de travail, à l’environnement, à la bonne pratique des affaires, au traitement des consommateurs et au développement local.
E & C : Une entreprise pourra-t-elle se prévaloir de cette norme ?
P. M. : Non, car ISO 26000 n’est pas une norme certifiable et affichable. Il n’y a pas un tiers qui vérifie que l’organisation répond à des critères. C’est une norme pédagogique, de recommandations, qui doit être intégrée à l’ADN de l’organisation.
E & C : Pourquoi pas une norme certifiable ?
P. M. : C’était une condition posée par les industriels à leur participation. En outre, la RSE n’est pas un état qu’on pourrait atteindre.
E & C : Quels ont été les points qui ont fait débat ?
P. M. : L’élaboration de la norme est un processus qui a duré cinq ans, réunissant 99 pays. La crainte des pays asiatiques était qu’ISO 26000 soit une barrière au commerce. Finalement, la Chine, qui voulait envoyer un signal fort aux marchés, l’a approuvée.
Il y a eu débat sur la discrimination en raison de l’orientation sexuelle, à laquelle s’opposaient 10 pays, notamment musulmans. Le compromis a finalement été de remplacer « orientation sexuelle » par « relations personnelles ».
