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Faire ou faire faire, telle est la question

Enquête | publié le : 21.09.2010 | E. F.

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Faire ou faire faire, telle est la question

Crédit photo E. F.

Budget serré, organisation complexe, culture de l’autosuffisance : la Comédie française délègue peu sur les questions juridico-sociales.

La Comédie française ne sous-traite rien ou presque. Les 400 salariés en CDI de l’établissement public industriel et commercial, auxquels s’ajoutent de nombreux CDD, réalisent de A à Z les spectacles. Pour produire presque 400 représentations par an, il faut ainsi mobiliser pas moins de 25 métiers différents : comédiens, régisseurs, habilleuses, costumières, lingères, modistes, décorateurs, techniciens du bâtiment…

Autosuffisance

La même logique d’autosuffisance s’applique dans le domaine du juridique RH. Isabelle Kuhn, la DRH, et son assistante qui, ni l’une ni l’autre, ne sont juristes, s’occupent elles-mêmes de toutes les questions de droit du travail, à l’exception des contentieux, confiés à Stéphanie Stein, avocate associée au cabinet Eversheds, avec qui Isabelle Kuhn travaille depuis une dizaine d’années.

« Je n’ai pas un gros budget, c’est pourquoi nous gérons nous-mêmes nos problèmes juridiques, hormis les contentieux, que nous avons confiés à un avocat, lorsqu’ils ont commencé à se développer, au début des années 2000 », explique cette diplômée de Sciences Po, option finances. Le souci de faire des économies n’est pas la seule raison. La Comédie française est en effet une « maison compliquée », qui doit se piloter en douceur.

Le théâtre fonctionne onze mois sur douze ; les horaires, et par conséquent les paies, sont complexes – il y a en permanence quatre ou cinq spectacles et il faut démonter les décors deux fois par jour – ; chaque métier fonctionne à sa manière – même s’il n’y a qu’une convention collective – ; les avantages acquis, souvent catégoriels, parfois antédiluviens, se sont empilés au fil du temps (prime d’espadrilles, prime de blouse…) ; et il y a très peu de mobilité interne et externe…

Une prestation RH trop déconnectée des habitudes de la Comédie ou standardisée aurait peu de chances d’être efficace. Isabelle Kuhn avait d’ailleurs exigé, dès le début de sa collaboration avec Eversheds, de n’y avoir qu’un seul interlocuteur.

Pour les questions juridiques courantes, elle utilise donc un dictionnaire de droit du travail et peut compter sur son assistante, qu’elle a formée. Il faut dire qu’après onze ans à la tête de la DRH, elle-même a eu le temps de se familiariser avec le Code du travail. Lorsqu’elle a des doutes, elle recourt à une hotline.

« Le service est satisfaisant si je fais abstraction de l’attente et du fait que le consultant est parfois un junior qui en connaît moins que moi, c’est pourquoi je demande maintenant à parler à des consultants précis », relate Isabelle Kuhn.

C’est seulement en dernier ressort, lorsque le contentieux est en cours, ou lorsque le problème qu’elle rencontre peut déboucher sur un contentieux, qu’elle fait appel à son avocate. Comme cette dernière facture à l’heure, mieux vaut solliciter ses conseils avec parcimonie. « Mais lorsqu’il y a un contentieux, là, je ne me limite pas : je mets toutes les chances de mon côté. »

COMÉDIE FRANÇAISE

• Activité : 379 représentations théâtrales payantes en 2009.

• Effectif permanent : 400 salariés.

• Budget : 34,17 millions d’euros, 72 % de subventions de l’Etat.

Auteur

  • E. F.