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Enquête

Une alliance d’outils répressifs et préventifs

Enquête | publié le : 14.09.2010 | V. L.

Dans un contexte de surcroît d’activité propice au développement de l’absentéisme, Chronopost pioche parmi une palette d’outils pour lutter contre le phénomène. Depuis le début de l’année, elle relance les entretiens de retour et multiplie ses contre-visites médicales.

« Dans une activité tendue comme la nôtre, le fait qu’une personne soit absente pénalise la qualité du service rendu », estime Bernard Lemaire, DRH de Chrono-post. C’est pourquoi l’entreprise a cherché depuis longtemps à juguler l’absentéisme et suit de près cet indicateur. Son taux se situe entre 5 % et 6 %, si l’on considère l’absentéisme “subi”, et a pour justification : la maladie (75 %), les accidents du travail (15 %) et les absences injustifiées (5 %). Ce taux se traduit en « 180 à 200 personnes absentes chaque jour, soit entre 1,8 et 2 personnes par site », illustre le DRH.

Mais cette donnée globale cache de fortes disparités. L’absentéisme varie en fonction de paramètres comme la saisonnalité – lorsque l’activité est plus lourde, il y a davantage d’absentéisme – ou encore la région, le Sud-Est, arrivant en haut du podium. Les règles de maintien de salaire influencent aussi l’absentéisme. « En cas d’absence pour maladie, quand les salariés n’ont pas leur salaire maintenu, on observe très peu d’absentéisme », convient Bernard Lemaire. Dans son entreprise, les jours de carence ne sont pas pris en charge pour ceux qui ont intégré la société depuis moins d’un an. Pour ceux ayant plus d’un an d’ancienneté, quelques jours de carence par an sont pris en charge lors des deux premiers arrêts, et au troisième, l’entreprise ne le fait plus.

Pénibilité du travail

Elément essentiel, la pénibilité du métier entre en ligne de compte : le taux d’absentéisme varie de 1 à 3 entre la population du siège, la moins impactée, et le service clients, le plus touché. Et Chronopost connaît, depuis le début de l’année, un accroissement du volume de colis gérés de plus de 10 %. Ce qui crée, selon Richard Giraud, délégué syndical central CGT, avec « le gel des embauches, le non-remplacement des absents, le recours à la sous-traitance », des tensions sur l’absentéisme. Une situation illustrée par un mouvement social au sein du service clients de Poitiers, en juin dernier. L’activité y connaît « un taux d’absentéisme inacceptable, de 11 % à 13 %, s’indigne Bruno Klein, délégué syndical central CFDT. Nous avions pourtant alerté la direction sur les problèmes de management existant sur ce site. » Un nouveau directeur est arrivé courant août. Plus globalement, à son arrivée fin 2007, Bernard Lemaire indique avoir « poursuivi une politique de mise en place d’une boîte à outils afin de prévenir le phénomène ». Avec trois thèmes développés : la réglementation, la prévention et l’analyse.

Comme nombre d’entreprises, Chronopost a recours à la contre-visite médicale, systématique dans les établissements qui se situent au-dessus de la moyenne nationale : en 2009, 2 % de contre-visites sur 5 000 arrêts de travail ont été pratiquées. « A la suite de la visite, 6 salariés sur 10 reviennent au travail, ce qui n’est pas négligeable », souligne Bernard Lemaire. « Pour 2010, j’ai demandé à ce que 5 % de contre-visites soient effectuées, poursuit-il. Nous avons communiqué auprès des représentants du personnel en amont, et cette décision a été comprise. » Un avis que ne partage pas Bruno Klein pour qui « ces contrôles sont faits pour dégoûter les gens ». « De même, la direction met en avant l’entretien de retour, qui devrait être un moment de rencontre. Ce n’est pas le cas, ils sont faits pour culpabiliser », déplore le délégué. Depuis le début l’année, les entretiens de retour ont en effet été systématisés. « Nous avons sensibilisé davantage les managers à la santé de leurs collaborateurs, en leur demandant de renforcer l’animation qualitative et la cohésion de leurs équipes. Un objectif qui est d’ailleurs inclus dans leur bonus. Face au désengagement de certains salariés et aux tensions pouvant exister avec les managers sur la productivité, cet espace de discussion est fondamental », insiste le responsable.

Un médecin référent pour une vue globale

Toujours sur le volet préventif, Chronopost a initié un benchmark sur le document unique, pour partager ses bonnes pratiques de prévention sur les différents sites, à la suite de l’obligation faite de négocier sur le stress. « J’ai doté Chronopost d’un médecin référent, rattaché à Entreprises et Santé, pour l’ensemble de l’entreprise, car 100 médecins du travail différents ne permettaient pas d’avoir une vision globale de l’effet des politiques de prévention, ajoute le DRH. Cette analyse sera faite courant 2010. »

Et pour aller encore plus loin sur l’analyse des causes de l’absentéisme, l’entreprise développe, depuis le début de l’année, un outil informatique de reporting de l’accidentologie permettant de réaliser un arbre des causes plus riche, par exemple en recensant les horaires auxquels les accidents arrivent le plus souvent.

CHRONOPOST

• Activité : livraison express de colis jusqu’à 30 kg.

• Effectif : 3 500 salariés.

• Chiffre d’affaires 2009 : 628 millions d’euros.

Auteur

  • V. L.