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Les pratiques

Dodo redéfinit ses métiers

Les pratiques | publié le : 07.09.2010 | PASCALE BRAUN

Le fabricant de couettes et oreillers compte gagner en productivité et ouvrir à ses salariés des perspectives de carrière.

Du bipeur-vérificateur à la biaiseuse(*) en passant par le pilote ou la brodeuse, l’intitulé des métiers exercés au sein du groupe Dodo, basé à Saint-Avold (Moselle) ne manquait ni de charme, ni de piquant. Le spécialiste des couettes et oreillers, qui emploie 600 salariés sur 5 sites de production, tous français, a pourtant entrepris de réécrire l’ensemble de ses référentiels pour clarifier les métiers, intégrer leurs évolutions à venir, et préciser les compétences requises.

Initiée voici deux ans, la démarche va bien au-delà de l’exercice de style. « Dans notre domaine d’activité très automatisé, nous n’escomptons plus de progrès technique révolutionnaire. C’est donc dans l’organisation du travail que nous recherchons les gains de compétitivité. La refonte des métiers doit permettre aux salariés de monter en compétences et à l’entreprise de gagner en productivité, en qualité et en flexibilité », explique Francine Tilly, DRH de la société.

Sur les lignes de piquage, la nouvelle grille ne distingue plus que 5 métiers dûment redéfinis auxquels correspondront des attributions élargies. L’ancien « pilote » deviendra conducteur de ligne et ses attributions intégreront non seulement le savoir-faire technique lié au réglage des machines, mais aussi des compétences managériales nécessaires à la gestion d’une équipe de vingt personnes. « Les salariés qui ne veulent pas ou ne peuvent pas intégrer ce nouveau périmètre conserveront leurs attributions dorénavant clairement définies. Les autres auront la possibilité de valoriser et d’étendre leur savoir-faire, et d’utiliser les passerelles créées entre les différents métiers », indique Christian Kieffer, directeur de la production.

Formations qualifiantes et évolutions salariales

A Saint-Avold, site historique de Dodo où une grande partie des 320 salariés ont effectué la totalité de leur carrière, l’initiative a d’abord été accueillie fraîchement. « L’intersyndicale craignait que la refonte des métiers conduise la direction à chercher les compétences en dehors de l’entreprise. Mais notre travail de communication a porté ses fruits. Les syndicats ont signé en début d’année un accord senior qui soulève les questions de tutorat, de pénibilité et de transmission des compétences. Cet accord conclu à l’unanimité pose les jalons de la GPEC en cours de négociation », souligne Francine Tilly. Intégrés à titre individuel aux groupes de travail, plusieurs syndicalistes ont pu s’assurer que la refonte des métiers n’induirait pas de suppression de poste, mais ouvrait au contraire la voie à des formations qualifiantes et à des évolutions salariales. En production et en logistique, des salariés volontaires conduisent les premiers chantiers tests.

L’entreprise n’a pas encore chiffré le coût global de la démarche. Elle envisage le recours au DIF et à la VAE, pour l’heure fort peu sollicités, ainsi qu’au tutorat, pour mener à bien cette démarche de longue haleine, qu’elle compte étendre à l’ensemble des sites au cours des trois prochaines années.

(*) Couturière qui travaille le tissu en biais.

Auteur

  • PASCALE BRAUN