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Enquête

Un partenariat pour l’emploi durable

Enquête | publié le : 07.09.2010 | LAURENT POILLOT

Depuis 2001, Nantet Locabennes, PME savoyarde du bâtiment et du traitement des déchets, recrute via une entreprise d’insertion. Un partenariat social et économique qui s’inscrit dans la durée.

Leur partenariat a presque dix ans. En Savoie, deux PME du secteur des déchets et du bâtiment aident ensemble au retour à l’emploi durable des personnes en insertion. La première, Nantet Locabennes (groupe Serfim), sous-traite à la seconde, Tri-Vallées, une entreprise d’insertion, différents chantiers de déconstruction, de transports et de manutention de déchets dans deux centres de tri. Si chacun y trouve son compte, le salarié est embauché par Nantet à l’issue de son contrat à durée déterminée d’insertion (CDDI).

Cet échange de bons procédés remonte à 2001, après l’insertion réussie d’un jeune “pelliste”, d’abord entré en centre de tri, qui s’était distingué pour son habileté à conduire des engins de chantier. « Il a été l’un des premiers que nous avons confiés à Nantet. La seule difficulté était son illettrisme, raconte son ancien patron, Etienne Wiroth, directeur et fondateur de Tri Vallées. Il est resté chez Nantet. Il s’est complètement intégré à l’entreprise et au territoire. »

Ce premier essai, tenté par les deux chefs d’entreprise au détour d’une discussion, a depuis été transformé : au total, Nantet Locabennes a embauché 20 salariés de Tri Vallées. « Dix personnes sont restées, souvent sur des emplois de caristes ou de conducteurs d’engins », indique Sonia Brasier-Pontet, la responsable d’exploitation pour les collectivités de Nantet.

Sous-traitance réciproque

Parallèlement, les liens économiques entre les deux entreprises se sont resserrés. « On se connaît bien, glisse Etienne Wiroth. Nous nous sous-traitons réciproquement des chantiers et nous remportons ensemble des marchés publics. » En 2007, Tri Vallées et Nantet se sont portées actionnaires, avec cinq autres entreprises, d’un nouveau centre de gestion des déchets électriques et électroniques (D3E), Terecoval, dont ils sont aussi les prestataires.

Des échanges permanents

Les modalités d’insertion procèdent de cet attelage économique. « Au centre de tri, les nouveaux sont accueillis par deux, explique Sonia Brasier-Pontet. Tri Vallées leur donne des consignes de savoir-être et de port d’équipements de protection individuelle (EPI). Nous prenons le relais sur l’hygiène-sécurité, les objectifs du poste et les gestes à accomplir. Nous réalisons des bilans réguliers. Les échanges entre notre encadrant et le RRH de Tri Vallées sont permanents pour prévenir les dérives ou signaler, à l’inverse, qu’une embauche est possible. » Dans l’entreprise d’insertion, deux personnes tiennent lieu de RRH. L’une s’occupe des recrutements et de l’accompagnement à l’entrée, l’autre des conditions de sortie. C’est ainsi qu’il y a 18 mois, Tri Vallées a pris en charge une formation globale en management de proximité pour un opérateur qui voulait passer encadrant chez Nantet. Il y supervise à présent une chaîne de tri. D’autres sont aidés à quitter le secteur. Comme ces trois salariées en fin de parcours, formées au métier d’aide à domicile – sur le budget de Tri Vallées.

Les femmes – qui ont les plus faibles chances de réinsertion à l’échelle du département – forment plus de la moitié de l’effectif de Tri Vallées. Elles sont généralement affectées au tri de déchets sur chaînes mécanisées et au démantèlement de pièces d’électroménager, car réputées « plus endurantes sur les activités routinières que les hommes », selon Sonia Brasier-Pontet. Ceux-ci vont plutôt collecter les déchets D3E ou bien partent sur les chantiers de déconstruction, où il faut manier des scies et des masses. Tri Vallées leur fait passer des Caces de conduite d’engins.

Développement de l’emploi local

Aujourd’hui, Nantet Locabennes est devenue le partenaire le plus solide de l’entreprise d’insertion. « Notre approche n’est pas comparable à celle des grandes entreprises : nos dirigeants siègent dans les mêmes comités de bassin d’emploi. Le développement de l’emploi local, pour eux, c’est vraiment une conviction », affirme Sonia Brasier-Pontet. Cependant, avec la crise, le taux des sorties positives de Tri Vallées, de plus de 60 % en 2008, est tombé à moins de 45 %.

Phone Régie accueille des allocataires du RSA

Spécialiste des métiers de l’accueil en entreprise, Phone Régie a conclu une convention avec les Hauts-de-Seine, dans laquelle elle s’engage à recruter, sur des postes d’hôte et hôtesse d’accueil, au moins 10 personnes allocataires du RSA pour cette année. « Le processus a démarré en mars 2010, explique Dounia Benghezal, chef du service recrutement du personnel sur site. Nous avons pour l’instant rencontré une vingtaine de candidats et recruté 2 personnes en CDI. Nous présentons nos métiers en sessions collectives et nous recevons les candidats à qui nous proposons soit la procédure de recrutement classique, s’ils ont les compétences, soit une formation dans le cadre de l’Académie Phone Régie que nous avons créée en avril, soit une période d’immersion préalable, qui dure de deux jours à deux semaines. » La convention prévoit également un suivi de six mois dispensé par les tuteurs du conseil général. « De notre côté, nous sensibilisons nos managers à cette convention, et nous nous rapprochons d’eux pour qu’ils soient plus attentifs à la personne recrutée via cette convention, mais leur intégration ne doit pas être différente, pour ne pas les stigmatiser. »

L. P.

NANTET LOCABENNES

• Activité : transports et gestion de déchets, réhabilitation de sites, location de bennes.

• Effectif : 68 personnes.

• Chiffre d’affaires 2009 : 14,4 millions d’euros.

TRI VALLÉES

• Activité : entreprise d’insertion spécialisée dans la gestion des déchets.

• Effectif : 90 personnes.

• Chiffre d’affaires 2009 : 2,3 millions d’euros.

Auteur

  • LAURENT POILLOT