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Un outil de GPEC territoriale qui favorise l’insertion

Enquête | publié le : 07.09.2010 | MARIETTE KAMMERER

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Un outil de GPEC territoriale qui favorise l’insertion

Crédit photo MARIETTE KAMMERER

Le groupement d’activités Ametis offre un CDI de transition à des personnes éloignées de l’emploi et les forme en fonction des besoins des entreprises.

Identifier les intentions de recrutement des entreprises à échéance de six ou neuf mois, puis recruter en CDI des personnes éloignées de l’emploi et les former en vue de pourvoir ces postes : tel est le pari du groupement d’activités Ametis. Imaginé par le cabinet de conseil Boscop, Ametis a d’abord été lancé en 2007 à Nantes-Saint-Nazaire dans le cadre du Grenelle de l’insertion et des expérimentations soutenues par Martin Hirsch. Mais l’expérience a été interrompue par la crise. Depuis mai 2009, le groupement, copiloté par les pouvoirs publics et les entreprises, est de nouveau en expérimentation à Tours et Mulhouse.

Le groupement d’activités se distingue du Geiq dans la mesure où il est multisectoriel, et offre aux demandeurs d’emploi la sécurité d’un CDI – les Geiq utilisant le contrat de professionnalisation. A Tours, 70 entreprises l’ont rejoint, intéressées par cet outil de GPEC. De nombreux secteurs sont représentés : industrie, médico-social, BTP, viticulture, transport et logistique. « Je vais ouvrir un nouvel établissement dans deux ans et je sais déjà que j’aurai du mal à attirer des aides-soignants et AMP qualifiés », explique Guy Legay, directeur d’une structure médicalisée pour personnes handicapées.

Les entreprises partenaires s’engagent à recevoir les salariés d’Ametis pour des visites d’entreprise, des stages de découverte ou des missions ponctuelles rémunérées. « Il n’y a pas d’engagement quant au futur recrutement, mais c’est quand même un objectif commun », précise Thierry Petonnet, directeur d’Ametis Touraine.

Motivation et compétences fortes

Après recensement des besoins, Ametis communique la liste des métiers recherchés à ses partenaires – Pôle emploi, mission locale, maison de l’emploi… – qui lui adressent des candidats éligibles au contrat unique d’insertion (CUI). A Tours, la moitié des personnes recrutées étaient au RSA. « Pendant la phase de prérecrutement, nous repérons la motivation et les compétences fortes des candidats en lien avec les métiers recherchés, quelle que soit leur qualification ou leur expérience » explique Yves Monteillet, fondateur du concept.

Après signature du CDI-CUI, les salariés d’Ametis sont rémunérés au Smic et accompagnés par un professionnel de l’insertion, détaché par le conseil général. La phase d’orientation dure deux mois. Elle comprend une formation aux codes de base du monde du travail – savoir-être, respect des procédures d’hygiène, sécurité, maintenance – qui doit leur permettre d’occuper n’importe quel poste non qualifié.

Les premiers salariés recrutés à Tours – ils seront 60 d’ici la fin de l’année – vont commencer des formations d’aide médico-psychologique, d’affréteur, d’opérateur en pharmacie, de conducteur de bus, etc. Selon le diplôme visé, les formations dureront de quelques mois à deux ans.

Avant le début de la formation, tous ont été mis à disposition dans des entreprises partenaires. « J’ai accueilli quatre salariés en stage d’une semaine et deux ont fait un remplacement d’été sur des postes d’AMP, explique Guy Legay. Ils ont été encadrés et formés par des tuteurs. Bien sûr, il faut y consacrer du temps, mais ce sont des personnes très investies et qu’on espère garder. » Et à l’issue de la formation, les salariés seront à nouveau mis à disposition au sein du réseau, sous forme de prêt de main d’œuvre, jusqu’à leur embauche en CDI par l’une des entreprises partenaires.

Mutualisation des aides financières

Avec la mutuelle et la prévoyance, un salarié coûte à ­Ametis environ 34 000 euros la première année. Un tiers est financé par l’Etat via le contrat unique d’insertion ; un tiers par les Opca qui prennent en charge les coûts de formation ; et le dernier tiers par la région et par les entreprises qui rémunèrent Ametis pour les mises à disposition. « Nous mutualisons l’ensemble des aides existantes, donc cela ne coûte pas plus cher qu’un chômeur inactif. Au contraire, puisqu’en dix-huit mois, en moyenne, la personne aura retrouvé un emploi en CDI », conclut Yves Monteillet.

Un accord-cadre a été signé au niveau national avec les partenaires institutionnels et Ametis s’implantera prochainement dans d’autres départements.

Auteur

  • MARIETTE KAMMERER