Pierre Concialdi, éditions Lignes de Repères, 210 pages, 12 euros.

La politique de sauvegarde des retraites se fonde sur la peur : peur de ne plus pouvoir financer le système, de devoir travailler plus longtemps, de voir le niveau des pensions baisser, que les cotisations n’augmentent… Pour Pierre Concialdi, économiste à l’Ires et membre d’Attac, la peur est en l’occurrence mauvaise conseillère, car les prévisions à échéance de dix, quinze ou vingt ans ne prennent en compte que les facteurs pouvant toucher négativement les pensions – essentiellement l’augmentation de la durée de vie – sans prendre en compte les éléments positifs. C’est-à-dire l’augmentation de la productivité globale qui réduira automatiquement la facture, la diminution des charges représentées par ces autres inactifs que sont les juniors et une augmentation de l’espérance de vie à 60 ans, qui avance moins vite que celle des plus jeunes.

Pour l’auteur, ces erreurs de calcul tiennent au fait notamment que l’on annonce des déficits dans quarante ans comme s’ils devaient être financés aujourd’hui. Or, financer les retraites ne signifie pas prendre aux actifs ce que l’on donnera aux seniors, mais bien plutôt répartir un peu différemment les revenus supplémentaires produits demain grâce aux gains de productivité. Laisser supposer qu’il serait indispensable de diminuer le niveau de vie des salariés pour financer les retraites tient de la désinformation et s’inscrit dans la logique des vingt dernières années, qui, tous gouvernements confondus, n’a cessé de grignoter le pouvoir d’achat des retraités.

Au nom de l’équité, c’est la paupérisation du troisième âge qui gagne du terrain, ce qui, au bout du compte, risque de pénaliser tout le monde. Car diminuer les capacités de consommation de cette classe d’âge peut contribuer à gripper les rouages économiques.