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Motivé par le sens

Enjeux | Chronique de Meryem Le Saget | publié le : 07.09.2010 |

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Motivé par le sens

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Reprendre le travail après une période de pause est parfois un léger défi. On avait adopté un rythme serein, voici de nouveau la ritournelle des journées orchestrées, trop remplies et éternellement bousculées. Mais surtout, les congés donnent du recul. Au retour, la question du sens se pose alors avec davantage d’acuité.

A quoi sert mon travail de tous les jours ? A quoi mes efforts contribuent-ils ? En fin de compte, ce job me rend-il heureux ? Même si ces questions dérangent parfois, nous avons tous expérimenté ce sentiment d’interrogation qui frappe à la porte.

Frederick Herzberg, grand spécialiste américain de la motivation, a mis en lumière la différence entre les facteurs de satisfaction qui enrichissent le travail (comme la reconnaissance, le contenu de la mission elle-même, la responsabilisation, l’autonomie), et les facteurs d’insatisfaction qui soustraient de la valeur à ce que l’on fait (comme les mauvaises conditions de travail, la lourdeur des procédures, un salaire médiocre, des relations difficiles). Curieusement, l’opposé d’un facteur d’insatisfaction n’est pas un levier de satisfaction mais l’absence d’insatisfaction.

Pour Herzberg, on peut rester dans un poste parce qu’on ne s’y trouve pas trop mal ou qu’on n’a pas de vraies raisons d’être insatisfait ; mais la motivation réelle sera toujours ailleurs. Elle vient de ce qui donne du sens. Apprendre et progresser, grandir en responsabilité, pouvoir exprimer ses idées, participer à des projets innovants, contribuer utilement à un grand dessein, donner son plein potentiel, être reconnu pour ses réalisations, apporter quelque chose aux autres… Les vrais moteurs de motivation sont souvent généreux, tournés non vers la satisfaction de besoins égoïstes mais vers l’apport de quelque chose d’utile aux autres. Comme si l’individu avait besoin de contribuer à une cause qui dépasse la sphère de son intérêt personnel.

Finalement, le secret de la motivation est de pouvoir raconter une histoire qui nous rend fier. A l’instar de ces ouvriers maçons dont le premier répond « je charrie des pierres », le deuxième « je construis un mur » et le troisième « je bâtis une cathédrale ». Aujourd’hui, que répondrait-on à ces deux questions : « Quel job fais-tu ? » (sans décrire son métier, mais en expliquant à quoi on a la fierté de contribuer) ; et « Derrière quoi cours-tu ? » (en soulignant ce qui nous motive en profondeur dans notre travail quotidien). Curieusement, ce ne sont pas toujours les entreprises qui proposent l’histoire qui rend fier. Car toutes n’ont pas animé en interne une démarche participative de vision. Mais cela n’empêche pas chacun de préciser dans son imaginaire – en prenant le temps d’y réfléchir – la fierté qu’il tire de son métier.

Etre utile, s’exprimer dans des actions qui ont du sens, vivre ses valeurs à travers ce que l’on entreprend, faire bouger les lignes pour créer des situations meilleures, n’est-ce pas ce qui donne du souffle à l’action humaine ?

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris.

<www.lesaget.com>