Comment attirer les TPE et PME de moins de 250 salariés vers le contrat de professionnalisation, alors qu’elles ne l’utilisent pas ? Comment leur éviter la lourdeur de gestion, alors qu’elles n’ont souvent pas de service de formation interne ? Comment donner plus de souplesse dans la construction des référentiels pédagogiques, alors que les cursus diplômants trop lourds sont mal adaptés aux petites entreprises ?

C’est à ces questions qu’Opcalia Nord-Pas-de-Calais (2 600 entreprises adhérentes employant 50 000 personnes) et l’Adéfa (Association pour le développement de la formation par l’apprentissage, une plateforme d’ingénierie des formations en alternance, créée par le Medef et 10 branches voilà douze ans) ont voulu répondre, en lançant, en 2007, avec le soutien du Medef régional, le dispositif Prodiat : Dispositif interactif d’accompagnement territorial des contrats de professionnalisation.

L’idée centrale de Prodiat est de proposer à ces entreprises « un service de formation externalisé » leur construisant un contrat de professionnalisation sur-mesure. Opcalia leur présente et finance la démarche (sur la collecte 0,5 % professionnalisation et marginalement sur le plan), et l’Adéfa assure l’ingénierie pédagogique et la formation des tuteurs.

Un référentiel métier et compétences spécifique à l’entreprise est construit avec elle, en adaptant le référentiel standard issu du Répertoire opérationnel des métiers et des emplois (Rome). Les spécificités sont exprimées dans un cahier des charges, et le candidat est positionné sur la grille de compétences retenue. En sont ensuite déduits les besoins en formation.

L’enjeu est d’atteindre une montée en compétences la plus rapide possible. C’est pour cela que, en moyenne, les deux tiers de la formation sont internes, via la mise en place d’un système tutoral, et un tiers externe par des modules achetés sur le marché ; mais il existe des cas extrêmes où 90 % de la formation est externe ou 100 % interne.

La particularité de cette construction pédagogique réside dans le fait que l’Adéfa utilise et formalise les capacités internes de formation de l’entreprise, alors que celle-ci n’a pas le plus souvent de service formation, voire de politique tutorale préalable. De ce fait, c’est le numéro de déclaration d’activité de l’organisme de formation Adéfa qui est inscrit sur la convention de formation et non celui d’un service formation interne à l’entreprise. C’est donc l’Adéfa qui assure la responsabilité d’un éventuel mauvais fonctionnement, et qui est garante du déroulement de la formation en termes d’analyse préalable, de processus, de qualité et de bilan.

A ce jour, 800 contrats de professionnalisation Prodiat ont été signés avec plus de 100 entreprises, dont 50 % de moins de 20 salariés. La durée moyenne des formations est de 300 heures. L’âge moyen des bénéficiaires est de 28 ans ; 50 % d’entre eux ont plus de 26 ans et étaient des demandeurs d’emploi. En outre, 59 % des contrats ont été signés avec des hommes et 41 % avec des femmes.

Particularités : 95 % des contrats sont arrivés à échéance, alors qu’à l’inverse, le taux de chute des contrats d’apprentissage est de 25 %. Autre satisfaction : les trois quarts des contrats sont signés en CDI dès le début, alors qu’ils sont d’habitude majoritairement signés en CDD.

36 % des contrats portent sur le commercial ; 10 % sur les métiers transverses de l’assistanat ; et 13 % concernent l’assistance ménagère. Une palette de métiers très différents sont bénéficiaires de Prodiat : médiateur culturel, formateur, ergonome, analyste-programmeur, chauffeur-livreur, technicien SPA, directeur de crèche, agent d’études, encadrant socioprofessionnel, délégué à la tutelle, technicien de laboratoire, technicien d’expérimentation agronomique, conducteur qualité, conducteur de ligne, technicien de maintenance, dératiseur, dessinateur projeteur, préparateur de commandes… Ludovic Thys, chef projet formation Adefa, assure que « la grande majorité des entreprises engagées dans Prodiat n’utilisaient pas le contrat de professionnalisation auparavant ; et ces contrats ne représentent que le quart de l’ensemble des contrats de professionnalisation financés par Opcalia Nord-Pas-de-Calais ».

Alors que sur la région Nord-Pas-de-Calais, Opcalia et l’Adéfa espèrent signer 270 contrats Prodiat en 2010, le système devrait bientôt être étendu à l’ensemble du réseau Opcalia.